Que restera t-il lorsque l'oubli, sur la matière de nos vies, aura accompli son travail d'anéantissement ? De chaque existence subsisteront simplement quelques souvenirs et pour tous, identique, le même merveilleux malheur d'aimer, le sentiment immense d'être malgré tout vivant, la somme des quelques instants où se tient et s'efface toute la succession des jours.
Une série turque comme un film. Où la mise en scène, le jeu d'acteur servent le propos Il est question ici de la force de femmes, de leur émancipation nécessaire, des prisons sociales et religieuses, l'impact d'une société gangrénée par le pouvoir machiste, c'est beau, peu manichéen, c'est simple et complexe à la fois. C'est très touchant.
Elles sont deux, et je suis témoin de leur lien. De cette chose en mouvement, en création. Je sens la confiance de Bell, l'élan de vie proposé par sa maman. Car il s'agit d'être là et d'assumer la complexité de la tâche : à la fois contredire parfois, à la fois confirmer d'autres fois mais surtout offrir de la tendresse et du rire, oublier l'ego pour se mettre au service de l'autre. Permettre à l'enfant, à la jeunesse que soit ressenti ce domaine des possibles : la possibilité de s'appuyer, la possibilité de pouvoir réellement compter sur ce parent aimant, offrir un roc même s'il est fait de doutes, offrir un socle même s'il est fait de boue et de paillettes.
C'est un temps d'incubation, janvier comme une nappe de guitare, pas une mélasse, un lait d'ânesse. Je suis allongé dans l'élan, je suis emmitouflé dedans et les riffs de guitare, Je cherche à saisir où poser les accords, des tas d'ingrédients presque secrets. Janvier pour franchir le moment venu, la ligne qui nous sépare du monde L'éternité pour moi n'est pas une insulte J'ai le coeur gonflé comme si un second pousse dedans Le souffle m'affranchit.
Je prends peu de photos. N'écris pas ou presque.
Parle à untel et untel élabore du vivant.
Bientôt il y aura sur les bords de Loire, notre lieu à partager. Bientôt du fenouil sauvage et des fleurs d'amandiers Bientôt quelques choses d'éphémère et joli comme la trace d'une empreinte sur la buée d'une vitre.
...
sage vivant collectif comme Teleman.
mercredi 13 janvier 2021
Winnezeele désigne le vent soufflant sur le seuil de la porte
Oui pour 2021, je nous vous souhaite des corps à corps, des bras joyeux, des rires des élans musicaux, oui pour 2021 que l'on se touche, que l'on se porte, que l'on chante que l'on se retrouve sans masque et sans peur et que l'on danse bruyamment en transe Oui pour 2021, que l'on quitte nos certitudes pour ensemble tisser des fils vivifiants.
oui arrêter le temps pas longtemps juste cet instant du premier jour de l'année pour regarder un peu dans le détail une année entière écoulée : 2020.
mais c'est comme si sous le soleil la pluie puis le froid sous quelques édredons de mots lus de films nombreux nombreux vus (déjà) le temps du passé vient à être englouti, absorbé.
Je prendrai le temps avant la fin de janvier pour dire ce que fut pour moi 2020
Et ce que je nous souhaite oui pour nous deux mille et vingt et un.
Vie sous globe qui nous assiège nous malmène et comme tout, on s'y plie. Masque couvre feu, on se tait c'est normal c'est la Loi, faut croire qu'on a pas à se rebeller, à râler, à oser l'insurrection. Qu'on a pas à crier le ras le bol de nos beaux bals qui nous manquent. Et quand eux oeuvrent, on les somme comme des bêtes de se taire. On parle de responsabilité, autre manière de museler. C'est vie privée contre vie publique. Le pot en terre se casse pourtant. Quand il s'agit de confronter nos désirs à la raison déraisonné Tant de gens disparaissent se plient oublient. C'est un refuge aussi de se soumettre
Je nous crois fous, je vous jure, je nous crois fous.
Il y a une telle hystérisation autour du masque autour des vaccins autour des modes protectOires.
La maladie est là, outrageusement elle tue.
Pourtant, nous pouvons oeuvrer autrement décemment en respectant et nos libertés et les individualités et faire face faire face autrement.
j'ai découvert ce texte hier. Belle claque dans ma g....d'homme. Oui nous les hommes ces êtres qui violentent leur dite femme.
Cinquante poèmesvoix de femmes battues.
(...)
Je vais continuer à écrire moi aussi, finir les textes engagés, cesser de me défaire maintenant que j'ai trouvé mon éditeur.
Textes à envoyer : La moindre des choses - chronique d'un père. Du coeur à l'ouvrage. Nos barricades ne sont pas des cimetières. Ils étaient doux et tous mourraient dans la détresse.
Tout à l'heure ou demain ou après, je passe les voir, je sais pas comment, à Lille, puisque j'y suis.
(...)
alors oui, moi aussi je suis du côté des femmes, des palefreniers, des grooms, de ceux qui souffrent, de ceux qui ont peu et c'est beaucoup, du côté de l'absence et du doute, du côté des sans le sous, des sans gloire, des sangs mêlés, oui je suis du côté des pas nantis, des pas tentés, des oubliés, je suis du côté de la déveine, des éclaircies, des cieux pluvieux, des heures d'avant et de celles d'après. Je ne suis pas du côté de ceux qui savent, qui organisent, qui planifient. Je suis du côté de la pelle et du rateau, du mont de terre fraichement retourné. Je ne suis pas de ceux qui obtempèrent, de ceux qui renaclent. Et je barbouille et je bricole et je cherche je cherche.
Sept enfants de 8 à 11 ans racontent, un peu partout en France, leur vie au cœur du confinement: à quoi ils rêvent, ce qui les inquiète, les solutions qu’ils trouvent. Ils balayent ce qui les interroge au plus profond, de la vie légère jusqu’à la mort au bout.
Joséphine, dix ans, vit à la campagne en Bretagne. Ousmane a le même âge et vit dans une maison à Courbevoie. Tracy habite Montmagny, Sofiane, Mulhouse. Ondine a huit ans et habite dans une maison avec "deux très grands jardins". Marceau, lui, a deux maisons près de Rennes, car ses parents sont séparés. Enfin Léo habite dans le 5e arrondissement de Paris, sans jardin mais avec un espace "suffisant pour bouger".
Avant Noël, il y a des enfants qui rugissent dans nos bras de petit géant. Avant Noël, pour eux, on ouvre d'autres cadeaux, ceux pour fêter leur naissance, le bruit les amuse, le papier déchiré. On ouvre nos yeux surtout, nos mains pour les chahuts et sur les bouts de bois on fait du tam-tam. On les regarde aller partout, gourmands, ils filent de travers de biais, cherchent les prises. Avant Noël, on aimerait que tout soit blanc, que le temps cesse de filer entre nos doigts. Avant Noël, on prend notre élan, on se prend dans nos bras, on saisit ce que la vie nous offre.
Le trésor n'est pas la destination, mais le voyage. Le trésor est tout le chemin, disséminé.
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Lorsqu'on écrit une histoire, quand on fait des enfants, c'est un peu comme lorsqu'on part en promenade dans une ville où l'on vient d'emménager. Une ville où nous ne sommes pour ainsi dire jamais allés auparavant. Une grande ville inconnue. Les premières fois que l'on part en promenade dans cette ville, on peut aller dans toutes les directions, là où nos pas nous mènent, parce que dans cette ville, tout est neuf tout est à découvrir.
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Ecrire une histoire, faire des enfants, c'est sculpter un paysage. Il y a des champs, des collines, des lacs, des montagnes, des gouffres, des littoraux. Et il y a un arbre. Il y a un arbuste. Il y a la tige d'une fleur. Il y a un brin d'herbe. Il y a un caillou.
Quelquefois, c'est une souffrance d'être captif de l'histoire à écrire. Quelquefois, c'est simplement un jeu.
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Ecrire une histoire, faire des enfants, c'est comme partir faire la révolution armé d'une simple petite cuiller.
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à partir des mots d'Olivier De Solminihac, écrire une histoire.
Chercher un lieu où il n'y a pas de langage. L'enfant, étymologiquement celui qui ne parle pas. Avec l'écriture la photographie, retrouver quelque chose qui est de ce temps là et de cette façon là d'être au monde quand il n'y a que le corps, des perceptions intenses. Ecrire avec du blanc du silence. Ecrire avec des mots justes pour que le lieu soit partageable.
En juillet 2019, j'écris ce texte, il commence par -le jour- et se termine par -Dromadaire.
"Le jour se lève lentement. Mon père est réveillé depuis longtemps. Ses nuits en vieillissant sont devenues bien courtes. Mon fils, Martin, dort encore, se couchant à pas d’heure. J’écris à la pointe du temps, à la fois père et fils. Une zone très sensible pour moi, assez vertigineuse. Je crains, je crois, de trop m’y pencher. Alors ce matin, je pose mes mots en équilibre car je sais, en vrai, ce qui nous relie. Ce qui s’est transmis, venu de loin, chance et malheur mêlés : notre sensibilité. Tous trois sensibles, décrits comme gentils, attentionnés. Doux même. Cette sensibilité, c’est du vinaigre quand elle devient sensiblerie, mièvrerie – pire, mélancolie. Mon père sort tout juste d’un immense gouffre dépressif. Martin se sent souvent triste – la vie, ce champ de ruines. Je regarde mon père. Je sais qu’il a été malade pour nous mettre en garde. Pour nous conjurer de vivre notre vie en chassant nos peurs, de faire de notre sensibilité une richesse. Exhortation silencieuse et bruyante : surtout, ne gâchez pas vos rêves !
Je regarde mon fils. Je me reconnais dans le visage de cet enfant et je sais qu’il lui faudra bricoler avec tout ça. Parfois aussi, je me vois dans mon père jeune, avant qu’il ne soit malade, je vois son sourire, ses élans et ses cannes à pêche à l’arrière de la Simca beige.
Nous avons débuté tous les trois un jeu d’écriture en ligne. Pour chaque lettre de l’alphabet, chacun propose, à tour de rôle, un mot. A comme Amour proposé par mon père, B comme Bordel proposé par Martin (récusé par mon père qui voulait Bonheur), C comme Colère (je trouvais ça bien). Quant au D, il s’est imposé ce matin. Ce sera Dromadaire."
Ce matin, un autre texte m'appelle. C'est un texte que mon père a écrit quelques mois avant de mourir, (oh Covid quand tu nous tiens)
Probablement son dernier écrit "public" (pour le pêcheur de mots, Hôpital de jour Guy Ledoux).
Je le découvre véritablement aujourd'hui. Il m'offre réponse. Il contient 21 fois le mot amour. Il termine surtout de la plus belle des manières : :" Si nous n'aimons rien, la vie serait tranquille, on serait moins vivants ou déjà morts"
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Aujourd'hui j'explore, je relis et continue à ouvrir les fenêtres du temps c'est triste et rafraichissant comme une chanson de Philippe Katerine matinée de Patrick Watson.
"Encore vivons-nous mesquinement, comme des fourmis ; quoique suivant la fable il y ait longtemps que nous fûmes changés en hommes ; tels des pygmées nous luttons contre des grues ; c’est là erreur sur erreur, rapiéçage sur rapiéçage, et c’est une infortune superflue autant qu’évitable qui fournit à notre meilleure vertu l’occasion de se manifester. Notre vie se gaspille en détail.
Un honnête homme n’a guère besoin de compter plus que ses dix doigts, ou dans les cas extrêmes peut-il y ajouter ses dix doigts de pied, et mettre le reste en bloc. De la simplicité, de la simplicité, de la simplicité ! Oui, que vos affaires soient comme deux ou trois, et non cent ou mille ; au lieu d’un million comptez par demi-douzaine, et tenez vos comptes sur l’ongle du pouce.
Au centre de cette mer clapoteuse qu’est la vie civilisée, tels sont les nuages et tempêtes et sables mouvants et mille et un détails dont il faut tenir compte, que s’il ne veut sombrer et aller au fond sans toucher le port, l’homme doit vivre suivant la route estimée ; or, grand calculateur en effet doit être qui réussit.
Simplifiez, simplifiez.
Au lieu de trois repas par jour, s’il est nécessaire n’en prenez qu’un ; au lieu de cent plats, cinq ; et réduisez le reste en proportion. Notre vie est comme une Confédération germanique, faite de tout petits États, aux bornes à jamais flottantes, au point qu’un Allemand ne saurait vous dire comment elle est bornée à un moment quelconque.
La nation elle-même, avec tous ses prétendus progrès intérieurs, lesquels, soit dit en passant, sont tous extérieurs et superficiels, n’est autre qu’un établissement pesant, démesuré, encombré de meubles et se prenant le pied dans ses propres frusques, ruiné par le luxe, comme par la dépense irréfléchie, par le manque de calcul et de visée respectable, à l’instar des millions de ménages que renferme le pays ; et l’unique remède pour elle comme pour eux consiste en une rigide économie, une simplicité de vie et une élévation de but rigoureuses et plus que spartiates. Elle vit trop vite.
Les hommes croient essentiel que la Nation ait un commerce, exporte de la glace, cause par un télégraphe, et parcoure trente milles à l’heure, sans un doute, que ce soit eux-mêmes ou non qui le fassent ; mais que nous vivions comme des babouins ou comme des hommes, voilà qui est quelque peu incertain.
Si au lieu de fabriquer des traverses, et de forger des rails, et de consacrer jours et nuits au travail, nous employons notre temps à battre sur l’enclume nos existences pour les rendre meilleures, qui donc construira des chemins de fer ? Et si l’on ne construit pas de chemins de fer, comment atteindrons-nous le ciel en temps ?
Mais si nous restons chez nous à nous occuper de ce qui nous regarde, qui donc aura besoin de chemins de fer ?
Ce n’est pas nous qui roulons en chemin de fer ; c’est lui qui roule sur nous. Avez-vous jamais pensé à ce que sont ces dormants qui supportent le chemin de fer ? Chacun est un homme, un Irlandais, ou un Yankee. C’est sur eux que les rails sont posés, ce sont eux que le sable recouvre, c’est sur eux que les wagons roulent sans secousse.
Ce sont de profonds dormants je vous assure.
Et peu d’années s’écoulent sans qu’on n’en couche un nouveau tas sur lequel encore on roule ; de telle sorte que si quelques-uns ont le plaisir de passer sur un rail, d’autres ont l’infortune de se voir passer dessus. Et s’il arrive qu’on passe sur un homme qui marche en son sommeil, « dormant » surnuméraire dans la mauvaise position, et qu’on le réveille, voilà qu’on arrête soudain les wagons et pousse des cris de paon, comme s’il s’agissait d’une exception. Je suis bien aise de savoir qu’il faut une équipe d’hommes par cinq milles pour maintenir les « dormants » en place et de niveau dans leurs lits tels qu’ils sont ; car c’est signe qu’ils peuvent à quelque jour se relever.
Pourquoi vivre avec cette hâte et ce gaspillage de vie ?"
Ce qu'il faut de temps Ce qu'il faut de présence pour permettre à nos villages de rayonner, un peu. Ici c'est l'hiver aussi, et le soir tout s'éteint. Ou presque Car Il faut peu pour que cela s'anime. Ce soir sur la place, Ciriac s'est installé pour proposer quelques fouées à garnir. Et j'ai entendu un enfant dire que ça sentait bon ma voisine qui ne m'avait jamais identifié, me demandait ou j'habitais. Sylvie qui sort du travail avec qui on cause aussi. Et puis une autre voiture encore qui s'arrête surprise par quelques lampions allumés.
Oui, madame la maire déléguée vous avez tout compris Il faut peu mais peu c'est beaucoup. Merci de rendre cela possible.
Tous les mardi soir, sur la place de Chenehutte face à la Loire, Ciriac propose de venir déguster quelques morceaux de pain chaud.
La photographie porte en elle une tristesse. Celle de la contemplation qui absorbe toute entière. Et pourtant, au delà de la perte, précisément l'image ressuscite en partie le moment vécu.
La semaine dernière, à l'Ile aux pies, tôt le matin je me suis longuement promené.
Dans quinze jours, on file dans le Nord. On prépare quelques chorégraphies branchées pour les 4-7 ans. Jeanne et Louise préparez-vous. Un jour Abel et RomeO, sachez-le, vous y aurez le droit... En attendant, apprenez les petits gars, à marcher Nous avons hâte. ...
« Exaltation, abandon, confiance surtout : ce qu'il faut à l'approche de l'infini.
Une confiance d'enfant, une confiance qui va au devant, espérante, qui vous soulève, confiance qui, entrant dans le brassage tumultueux de l'univers devient un soulèvement plus grand, un soulèvement prodigieusement grand, un soulèvement par dessus soi, par dessous tout un soulèvement miraculeux qui est en même temps un acquiescement, un acquiescement sans borne, apaisant et excitant, un débordement et une libération, et pourtant à avoir peur que la poitrine ne cède dans cette bienheureuse joie excessive (…) »
Henri Michaux, L'infini turbulent (1957)
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“Afin que se réveille en murmurant le petit tas de cendre que font les mots sur le papier.”
L'hirondelle rouge, Jean-Michel Maulpoix.
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« Ce qui importe, c’est qu’avec le monde on fasse des pays et des langues avec le chaos du sens, avec les prés des champs de bataille, avec nos actes des légendes et cette forme sophistiquée de la légende qu’est l’histoire, avec les noms communs du nom propre »