(...)
Une luminosité, comme un miroir de poche.
Une allée au sol souffrant où les pierres affleurent.
Le reflet du ciel du dessus.
Capturer une petite partie
C'est comme inaccessible
Ce que je vois, échappe à un événement naturel
c'est comme si je voyais dans un manuscrit très précieux,
une phrase qui nous concernait tous
une phrase qui a un rapport avec l'enfance
L'infini vient à nous sous une forme très simple
Une poignée de lumière qui dit "tu ne mourras pas"
La beauté est son ultime parole, une présence qui vient vers nous
(...)
« Il y a ainsi des gens qui vous délivrent de vous-même - aussi naturellement que peut le faire la vue d'un cerisier en fleur ou d'un chaton jouant à attraper sa queue.
Ces gens, leur vrai travail, c'est leur présence.
Aimer quelqu'un, c'est le dépouiller de son âme, et c'est lui apprendre ainsi - dans ce rapt - combien son âme est grande, inépuisable et claire.
Nous souffrons tous de cela: de ne pas être assez volés.
Nous souffrons des forces qui sont en nous et que personne ne sait piller, pour nous les faire découvrir.
Bien peu de gens savent aimer, parce que bien peu savent tout perdre. Ils pensent que l'amour amène la fin de toutes misères. Ils ont raison de le penser, mais ils ont tort de vivre dans l'éloignement des vraies misères. Là où ils sont, rien ni personne ne viendra. Il leur faudrait d'abord atteindre cette solitude qu'aucun bonheur ne peut corrompre. »
Christian Bobin.