(...)
Rentrer du travail.
Prendre sa main dans la mienne.
Nous promener dans la campagne
autour de la maison.
Ramasser des mûres.
Partager des savoirs faire.
Faire une compote pour mettre demain
sur du pain.
(...)
Au temps de rentrée, perspectives, résolutions, envies...
(...)
Alors...ce soir, plus que jamais,
penser cette question du BIEN VIVRE, de l’ART de VIVRE, du SAVOIR VIVRE.
Edgar Morin vient me donner quelques pistes recopiées à la volée pour créer sillon et fraîcheur, pour méditer et réfléchir.
« Que signifie vivre ? Le mot vivre a un sens premier : être en vie. Mais il prend un sens plein quand on différencie vivre de survivre.
Survivre, c’est sous-vivre.
Etre privé de jouissances que peut apporter la vie, satisfaire difficilement des besoins élémentaires et alimentaires, ne pas pouvoir épanouir ses aspirations individuelles.
Vivre, par opposition à survivre, signifie pouvoir épanouir ses qualités et aptitudes propres.
Est-ce bien vivre que de subir contraintes, obligations ? N’est ce pas dans ce cas vivre de façon prosaïque, c’est à dire sans plaisirs, joies, satisfactions alors que vivre de façon poétique serait s’épanouir dans la plénitude, la communion, l’amour, le jeu ? Et ne sommes-nous pas condamnés à alterner le prosaïque et le poétique dans nos vies ?
Nos moments de plénitudes ne sont-ils pas ceux où nous nous sentons « être bien » ? Nous sommes en bien être près d’une personne aimée, après une belle action, au sein d’un beau paysage.
Mais le mot « bien-être » s’est dégradé en s’identifiant aux conforts matériels et aux facilités techniques que produit notre civilisation. C’est le bien être des fauteuils profonds, des télécommandes, des vacances polynésiennes, de l’argent toujours disponible.
Alors il faudrait évoquer le savoir vivre, l’art de vivre et cela devient chaque fois plus nécessaire dans la dégradation de la qualité de la vie, sous le règne du calcul et de la quantité, dans la bureaucratisation des mœurs, dans les progrès de l’anonymat, de l’instrumentation où l’être humain est traité en objet, dans l’accélération générale depuis le fast food jusqu’à la vie de plus en plus chronométrée.
(…)
Oui, il y a moyen d’échapper à la superficialité, aux intoxications consommationnistes et retrouver une relation sereine entre le corps, l’âme et l’esprit.
Et puis faire de notre vie raisonnable une vie avec vie, une vie de dépense, de gratuité et de déraison. Une vie comme un tissu mêlé ou alternatif de prose et de poésie. On peut appeler poésie ce qui nous met dans un état second : la poésie elle même, la musique, la danse, la jouissance et l’amour bien entendu.
La poésie bien sûr essaye de se défendre face à la grande offensive technique, glacée, mécanique, chronométrée où tout se paye, tout est monétarisé. Elle se défend dans les amours, les amitiés, les ferveurs. La poésie, c’est l’esthétique, c’est la jouissance, c’est la vie par opposition à la survie.
Alors certes nous avons besoin de rationalité dans nos vies. Mais nous avons besoin d’affectivité, c’est à dire d’attachement, d’épanouissement, de joie, d’exaltation, de jeu, de Je, de Nous.
On vit très mal sans raison, on vit très mal sans passion.
Ce n’est pas le bonheur qu’il faut chercher. Il faut chercher l’art de vivre."