(...)
Avant de partir pour 5 jours de vacances.
Sous le signe du lien, des mots et de la cheminée.
Laisser résonner les phrases de Jeanne, encore.
(...)
"Ecouter sans frémir. Ne pas se laisser submerger par la barbarie. Ecouter les mots rares, terribles. Ne pas couper les silences. Laisser venir par fragments le récit de l’horreur. Sa conviction totale, que si un être humain peut entendre, alors celle qui parle a une chance de reprendre place dans un monde qui a dévasté et la chair et l’esprit. Parce qu’elle est bien là, la différence entre corps et chair. Les corps peuvent bien retourner à la liberté. La chair, elle, qui la délivre ? Il n’y a que la parole pour ça."
(...)
Il lève la tête vers la forêt. Pour ne rien perdre de l'odeur des arbres, il ferme les yeux, laisse le fracas de l'eau engourdir son ouïe. Alors l'odeur vient. Il respire la forêt. Des bouffées fraîches et épicées à la fois. Les grands arbres sont là. Il sent leur présence muette autour de lui. S'en remettre à leur force. Rien ici n'a changé. Et rien n'a besoin de lui pour être. Il peut être inutile. C'est ça le repos.
(...)
Ce soir, il laisse sa main ouvrir lentement les pages. Il a besoin du silence des mots écrits. L'évidence, elle est là. Il a besoin des mots. Lui qui a rapporté tant d'images qui laissent sans voix il lui faut des mots. Pour tenter de comprendre. Il a besoin de retrouver le sens à sa racine. Il lui faut retourner à l'étymologie pour se guider. Comprendre.
Otages Intimes. Jeanne BENAMEUR.