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On croise les mots, les pensées, la philosophie comme une poésie pour nos vies. On s'appuie dessus, on court après, on bâtit des ponts, des nomenclatures pour le monde qui vient. On s'assoit, on se construit, on s'affecte par tant, on s'efforce, on s'entortille, on se débrouille pour ouvrir de nouvelles portes avec les livres qu'on tient devant puis dedans. On prend des notes, on saisit, on lâche, on entend, on ne parle pas, on dit. Il est question de frontières, de courage et de liberté et de migrants. Les livres que l'on partage ces jours derniers, ce sont ceux de Billeter, de Chamoiseau, de Cynthia Fleury.
Pour frères migrants de Chamoiseau, et pour ma part, je pourrai presque recopier le livre dans son entier ici.
Il infuse ma pensée, ma vie. et c'est beaucoup.
Car oui :
"Frères migrants de Chamoiseau, c’est d’abord ça : des pages qui nous éloignent de la logorrhée insipide et terriblement frelatée d’une époque où l’on surenchérit à l’envi, jour après jour, les maux les plus pernicieux des enfermements, par les mots les plus éculés des rétrécissements. Ce sont les rétrécissements de la pensée, ceux qui nous soustraient aux vigilances pourtant indispensables. Mais ce sont aussi les rétrécissements auxquels on se sera habitué, collectivement et individuellement, devant les lâchetés si caractéristiques de l’époque qui bon an mal an ont envahi les consciences, au gré de bien étranges « banalisations » dont les médias tiennent pourtant la chronique régulière, et comme une accoutumance désabusée aux malheurs du monde. L’essai de Chamoiseau, qui tient en cela du pamphlet, secoue les consciences et sonne l’alerte, devant la nature même de ce qu’on s’est résolu à nommer la « crise des migrants », et ce qu’elle révèle de ce désordre humain mondialisé où nous baignons tous. Il en interroge en profondeur la nature vraie, nous force à en redéfinir la signification, et nous appelle à un sursaut."
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