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Parce qu'il y a des causes, des raisons, des façons de vivre qui s'imposent à vous, peut+être même à votre corps défendant.
Parce qu'après avoir tendu la main, il faut bien tendre les mots.
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"Ça commence par les pyramides et même avant.
Ça continue par les arènes, les colisées, les châteaux.
Ça continue par les usines, les gratte-ciel, les bombes et les variantes, les fusées et les explosions. Les machines les plus puissantes, les vaisseaux les plus grands.
Ça continue sur les terres, les mers, dans les airs : au plus vite, au plus loin. Parce que l’homme se cherche toujours ailleurs, loin de lui. Très peu en lui-même.
La poésie et la création offrent la possibilité d’arrêter cette recherche effrénée de son devenir hors de soi, de couper court à cette soif de puissance. Puissance qui ne peut être que relative, qui est à la merci de la moindre sur-puissance, serait-ce illusoire. Parce qu’à n’importe quel virage, une force plus grande peut surgir devant le puissant et le mettre en doute, en déroute.
Faites de votre vie un chef-d’œuvre, conseillait un penseur. Être conscient que la vie trouve sa mesure en elle-même, qu’elle peut se transformer en chef-d’œuvre et qu’elle n’a besoin ni des pierres d’Éthiopie, ni des milliers d’esclaves et de cadavres afin de s’ériger tombeaux et monuments pour s’imaginer grandeur et éternité. Qu’on peut s’édifier à partir de ses propres ressources.
Et que cette faculté est à la portée de tous.
La poésie, la création sont la revendication du potentiel d’édification de chacun.
Non pas dominer l’autre, l’écraser de sa force et de sa grandeur, mais ne pas laisser prendre le pouvoir sur soi. La poésie, la création, c’est instaurer avec l’autre un rapport d’égalité, d’échange et de découverte pour sortir de la logique du pouvoir, fondée sur l’invasion et la soumission."
SORTIR de l'ABIME. Seyhmus Dagtekin
Rédigé à 08h49 | Lien permanent
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Découvert en 1985 avec Trois fermiers s’en vont au bal (Cherche Midi, 2004), Richard Powers est l’un des écrivains les plus puissants de la scène littéraire américaine. Après des études de physique, il se lance en littérature, explorant les relations entre sciences (physique, génétique), technologies et art (la musique, en particulier). Il reçoit en 2006 le National Book Award pour La Chambre aux échos (Cherche Midi, 2008). Dans son douzième roman, L’Arbre-monde, ses héros mesurent près de 100 mètres de hauteur et sont vieux de plusieurs siècles : ce sont les arbres autour desquels s’enroulent les destins de neuf personnes convergeant vers la Californie, où un séquoia géant est menacé de destruction. Un éco-roman dont l’auteur explique qu’il a profondément changé sa propre manière d’être au monde et ses liens avec les autres vivants, les « non-humains ».
Ecrire ce roman a littéralement changé votre vie, dites-vous. Désormais, vous vivez au milieu des arbres dans les Smoky Mountains des Appalaches. Pourquoi ce choix ?
J’ai été stupéfait de découvrir, pendant les six ans que j’ai passés à lire et à faire des recherches pour ce roman, que 95 % à 98 % des forêts américaines – des forêts dont on pensait jadis qu’elles dureraient toujours – avaient été abattus. Toutes les forêts de feuillus originelles ont notamment disparu. J’avais lu aussi que l’un des rares endroits où l’on peut, encore aujourd’hui, trouver des vestiges de la forêt primaire se trouve dans l’arrière-pays reculé des Great Smoky Mountains. Il y a trois ans et demi, alors que j’étais encore complètement immergé dans l’écriture du livre, j’ai fait le voyage, je suis allé dans le Tennessee pour voir ces dernières poches de forêt primaire. Moi qui arpente les forêts de feuillus de la Côte est depuis plus d’un demi-siècle, je pensais savoir à quoi elles ressembleraient. J’avais tort ! Au moment où j’ai pénétré dans la forêt primaire, j’ai compris pour la première fois à quoi ressemblaient les forêts de ce pays lorsque les Européens sont arrivés – et même à quoi elles ressemblaient il y a des milliers d’années, depuis la fin de l’ère glaciaire. Dans une forêt primaire, les sons, les odeurs, toutes les sensations sont différentes. La biodiversité est d’une richesse qui saute aux yeux, même pour un néophyte en langage des arbres comme moi.
Je me suis tout de suite senti une affinité puissante avec ces forêts. L’air qui s’en dégage me rendait si vivant, je m’y sentais si bien, que j’ai fini par acheterune maison en bordure du parc national, où j’habite depuis près de trois ans. C’est là que j’ai terminé le livre et, maintenant, je n’ai nulle envie d’en bouger. Il y a dans ces bois une forme de magie, et le fait d’avoir, au bout de mon jardin, l’une des plus grandes étendues de nature vierge encore préservée du territoire américain me remplit de joie.
Qu’est-ce qui a changé dans votre manière d’être ?
Mes journées sont plus voluptueuses, désormais. J’écris moins, je marche plus. J’aurai bientôt arpenté 1 500 km de sentiers à l’intérieur du parc. J’apprends à voir, pas seulement ce qui est arrivé à un arbre en particulier au cours des deux ou trois dernières années de sa vie, mais à lire et à interpréter les deux à trois cents ans d’histoire inscrits dans son corps. Il y a au moins six différents écosystèmes de forêt dans les « Smokies », depuis les bosquets de feuillus dans les gorges au pied des montagnes jusqu’aux épinettes de type boréal qui poussent au sommet de la crête appalachienne. J’observe leur fonctionnement et les millions de choses dont ils sont capables.
Je n’emporte plus d’appareil photo en randonnée ; il y a trop à voir pour se soucier de les cadrer à travers un objectif ! Mais je hume et je goûte presque tout. Et goûter les choses m’a parfois joué des tours… Je commence à êtreexpert pour offrir aux visiteurs la « tournée des odeurs locales » : je leur fais gratter et sentir du sassafras, du bouleau jaune ou des feuilles de copalme écrasées – ces dernières les font presque toujours défaillir d’extase.
Je ne parle pas souvent aux arbres. Mais tous – de l’aralie épineuse, la « canne du diable » bizarrement tordue, aux énormes feuilles composées, jusqu’à l’imposant tulipier, qui peut atteindre sept ou huit mètres de circonférence – ont beaucoup à me dire.
Par exemple ?
Un arbre isolé attaqué par des insectes est capable de diffuser des insecticides pour se défendre – les arbres sont experts en biochimie : ils produisent des centaines, voire des milliers de composés adaptés à chaque besoin. En outre, l’arbre émet des signaux chimiques aéroportés pour prévenir ses congénères, qui peuvent ainsi se protéger préventivement. Ou pourrait aller jusqu’à dire que les arbres s’associent en un vaste système immunitaire partagé. Plus incroyable encore : les arbres sont littéralement reliés par des filaments de champignon qui s’insinuent dans les cellules des racines et tissent une toile souterraine sur des kilomètres. Ces réseaux fongiques s’apparentent à une immense économie solidaire qui unit même des arbres d’espèces différentes. Les arbres partagent leur nourriture et leurs remèdes. Un sapin de Douglas géant peut même renflouer un bouleau malade ou rabougri ! Les arbres sont des créatures bien plus sociales et sociables que nous ne l’imaginons généralement.
Toutes ces découvertes récentes sur la nature collective des forêts ont contribué à dissiper un malentendu de longue date, largement répandu, à propos de l’évolution darwinienne. Quand le milieu naturel est vivant, s’adapter à l’environnement signifie avant tout s’accommoder des autres organismes vivants. Pour un acte de compétition, il y a d’innombrables actes de coopération. Il n’y a pas d’individu isolé dans une forêt.
Et même à notre insu, nous sommes partie intégrante de ce grand système en réseau. Ce sont les arbres qui filtrent l’eau que nous buvons, qui produisent l’atmosphère que nous respirons. Il est difficile d’imaginer que nous aurions pu bâtir la civilisation humaine sans les services permanents que nous prodiguent les arbres en termes de nourriture, de protection, d’écosystème.
Le fait que les arbres communiquent – qu’ils aient un plan comme vous dites dans la si belle histoire du châtaigner de l’Iowa, et que ce plan se développe sur une échelle de temps considérable – rend les destins humains presque dérisoires en comparaison…
La vie humaine n’est en aucun cas dérisoire. Nous constituons une part importante de la forêt, depuis toujours. Mais nous ne sommes pas l’unique centre de la création. Nous n’en sommes pas une composante exceptionnelle. S’il y a une dimension politique dans mon roman, c’est celle-là : il y a du sens en dehors de nous, humains. Et nous devons changer notre façon de l’appréhender. La fiction, qui fait directement appel aux affects, à l’identification et au besoin de récit, est une arme unique pour influer sur les cœurs et les esprits, comme les statistiques et l’argumentation peuvent rarement le faire.
L’ idée que les arbres peuvent prendre soin les uns des autres est présente dans un mythe comme celui de Philémon et Baucis. Pensez-vous que nous redécouvrons ce que les Anciens savaient depuis longtemps ?
Quand j’ai dit à mon entourage que j’écrivais un roman où les arbres jouent un rôle central, où ils sont des personnages parmi d’autres, j’ai senti leur surprise, leur scepticisme. Mais plus je touchais du doigt la complexité du sujet, plus je mesurais les relations de dépendance entre les arbres et les hommes, plus je me demandais pourquoi il existait si peu de livres de ce type. Plus tard, j’ai pris conscience du fait qu’une grande part de la littérature, depuis les origines, plaçait le non-humain au cœur de son imaginaire. Depuis les mythes grecs et les fables d’Ovide jusqu’à l’animisme dans la tradition européenne du conte populaire ou encore aux panthéismes de toutes les littératures indigènes, les arbres sont partout, représentés comme des créatures actives, avec leurs besoins et leurs desseins. Ce n’est que dans les siècles récents, avec l’essor d’un humanisme individualiste et utilitariste en Occident, que notre littérature a sombré dans l’obsession exclusive d’une psychologie intime qui n’assigne de sens qu’à l’individu, comme si les humains offraient la seule histoire possible.
Peut-être nous sommes-nous persuadés d’avoir pris définitivement l’ascendant sur la nature. Que ce qui se joue entre humains et non-humains est désormais scellé en notre faveur. Pourtant, la Nature revient nous hanter, et la grande épopée de notre tentative de survie sur Terre se rejoue sur un mode urgent et tragique.
Lire aussi : Le cœur de la littérature bat au plus profond des bois
Après les incendies qui ont ravagé la Californie, Donald Trump a déclaré qu’il faudrait abattre les arbres, car, s’il y avait moins d’arbres, il y aurait moins d’incendies. Qu’en pensez-vous ?
Cette déclaration grotesque mais dévastatrice me met tellement en rage que je ne sais comment vous répondre. En l’espace de vingt mois, cette administration a entrepris de démanteler l’essentiel d’une législation environnementale cruciale et conquise de haute lutte, mettant fin à soixante ans de consensus. Plus rien n’est en sécurité, pas même nos parcs nationaux et autres monuments naturels, dont certains sont déjà offerts en pâture aux forages et à l’exploitation mercantile. Cette remarque ahurissante de Trump, qui impute aux arbres la prolifération des incendies (alors que tous les scientifiques sérieux l’attribuent pour une large part au dérèglement climatique), s’inscrit dans le fil de sa vision paternaliste qui place les hommes au-dessus des femmes, les Blancs au-dessus des autres races, les Américains au-dessus des autres nations, et confère aux humains un pouvoir absolu sur tous les autres êtres vivants. Ses propos résument la pulsion humaine de maîtrise et de contrôle, la foi en l’exceptionnalisme humain qui a mené à cette logique catastrophique de destruction de la planète et d’extinction des espèces qui forme désormais le tissu de notre vie quotidienne
Autrefois, en Amérique, il y avait une saison des incendies ; à présent, c’est à longueur d’année que nous devons combattre d’immenses brasiers, et pas uniquement dans l’Ouest. Il y a deux ans, ici même dans les Smoky Mountains, après l’année la plus chaude et la plus sèche jamais recensée dans la région, des feux ont ravagé le parc national et détruit la ville la plus proche de la mienne : plus de quatre mille bâtiments ont été réduits en cendres. Le feu s’est propagé jusqu’à quelques kilomètres de chez moi, en plein milieu d’une forêt pluviale tempérée ! Et il reviendra.
La toute-puissance humaine, la domination de l’homme sur le non-humain n’est pas la solution à ces problèmes ; elle en est la cause. Comme le dit dans le roman ma petite bande d’activistes : le contrôle tue, l’union guérit. Si nous voulons continuer à vivre sur cette planète, nous devons œuvrer à rétablir les innombrables connexions qui nous lient au monde non humain et rendent possible notre vie sur Terre. Pendant des millénaires, la littérature a fait de ces connexions matière à récits. Les romanciers sérieux d’aujourd’hui doivent se remémorer ces récits et ces mythes et entreprendre d’en inventer de nouveaux. Nous ne sommes pas seuls au monde. Il est grand temps de faire connaissance avec nos voisins et de revenir sur Terre.
Rédigé à 08h19 | Lien permanent
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un goût certain pour les échos et réminiscences.
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"Nous n’avons fait que fuir, nous cogner dans les angles,
Nous n’avons fait que fuir,
Et sur la longue route,
Des chiens resplendissants deviennent nos alliés,
J’ai connu des rideaux de pluie à draper des cités souveraines et ultimes,
Des cerceaux déchirés couronnant les chapelles de la désespérance,
Et tourne l’onde,
Et tourne l’onde,
Et tourne l’onde,
Et tourne, et reviens-moi au centuple,
Reste,
Accroche,
Rêche,
Me caresse,
Me saoule,
Et me saborde,
Dérape,
S’enroule,
Pourri malheur,
Pourrie chaleur,
Et devient familier le chant des automates,
On est plombé mon frère des oripeaux de plomb je te dis,
De la tonne superflue,
Carcan,
Jour et nuit,
Carcan,
Fossoyeur,
Carcan,
Tout sourire,
Aux dents vertes,
Et nous consommerons,
Cramés par des soleils de pilule d’apparat,
Cernés par le fatras trop habile,
Et tu pourras ployer,
Personne ne verra rien,
Puis, des anciens charmes qui te remontent enfin du dernier des « je t’aime »,
J’aperçois des caboches saturées de limaille,
Qui replongent leurs yeux encore à l’horizon,
Et les possibles errances à la poitrine fière et toujours en douceur,
On a l’art des ruisseaux,
On a l’art de la plaine,
On a l’art des sommets,
On a l’art des centaines de milliers de combattants de la petite vie qui se cognent aux parois, On a l’art de faire exploser les parois,
On a l’art des constellations,
On a l’art des chairs brutes,
Mais on a l’art de la guerre,
Et on a l’art du fracas,
Et on a l’art de la pente de douceur,
Et on a l’art du silence,
Dis-moi, est-ce que je peux ?
Dis-moi, est-ce que je peux ?
Entourer de ma peau ton joyau de platine,
Je l’ai vu qui palpite sur le bord du chemin,
Je l’ai vu qui palpite sur le bord du chemin,
C’est vrai… c’est pourtant vrai… c’est vrai… c’est pourtant vrai… c’est vrai… c’est pourtant vrai…
Le caveau est immense,
Même la pierre a bondi,
Elle veut se mesurer aux planètes, à la voûte,
Elle peut donner des cours d’une autre architecture building,
Tu l’as vu mon éclat,
Il est du au hasard,
Enfin on dit comme çà,
Ma forme était connue depuis la nuit des temps,
Je parle de maintenant, ici et maintenant,
Allez, allez, salut cousin,
Bonjour à tes nuages,
Un cortège se met en route,
Une kyrielle d’assassins,
Tous insectes de proie,
Ils marchent, ils avancent,
Ils signent du bout des lèvres leur projet pour le siècle,
Oublient les yeux crevés. (...)
Nous n’avons fait que fuir, nous cogner dans les angles,
Nous n’avons fait que fuir,
Et sur la longue route,
Des chiens resplendissants deviennent nos alliés,
J’ai connu des rideaux de pluie à draper des cités souveraines et ultimes,
Des cerceaux déchirés couronnant les chapelles de la désespérance,
Et tourne l’onde,
Et tourne l’onde,
Et tourne l’onde,
Rédigé à 10h30 | Lien permanent
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https://www.editions-memo.fr/livre/milly-vodovic/
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La nuit les sangliers retournent la terre et se battent, gémissent, dans notre champs d'en face. Des mouettes aux ailes noires, elles glapissent.
L'automne est arrivé. Il faut se faire à sa compagnie, la rendre contenante, chaleureuse, goûter à sa franchise âpre.
J'ai marché longtemps ce matin. Traversé des pâtures. Ramassé quelques herbes, des marrons, des gris et un tournesol un peu perdu.
J'ai mouillé mes chaussures, marché sur le sable de Loire. Me suis allongé dans l'humus sec face à quelques chétifs moutons.
Dans ma bouche, une herbe un peu folle.
Quelques heures avec un livre en main (toujours le même) et des pensées d'encre claire.
Plus tard vers midi, le sOleil a poussé les nuages plus loin.
D'autres plis naissent, mon corps s'y baigne.
Rédigé à 12h10 | Lien permanent
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Elle est généreuse cette histoire là.
Je reçois je donne.
Ce qui n'est pas donné est perdu.
Oui, dans les vignes de la Folle Berthe,
il y a ce qu'il faut de vie, de générosité,
de simplicité.
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On continue, on partage.
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Pour faire ce vin là.
Pas rien, ce vin.
Quelle belle tenue, quel talent de vigneron.
Rédigé à 20h27 | Lien permanent
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Au fil de la matinée, suivre le travail.
Vendange au Puy Notre Dame.
La Folle Berthe.
Premières images.
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C'est notre dernier festival d'été.
J'ai appris à aimer. J'apprends à être aimé.
Fabuleux destin. On gagne à le connaître. A vivre cette aventure.
Mon souffle est devenu comme la racine de ce que je suis, un souffle racine de lumière et ses épines.
Ma colonne vertébrale, mes arêtes de poisson, mes écailles qui luisent le soir aussi.
Ce qui me fortifie et me tient debout, dedans.
Mais déjà l'automne nous tend les bras.
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Rédigé à 06h53 | Lien permanent
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Emma, ma grande.
Elle nous rejoint à présent.
Elle a pris la route, la sienne. Elle est dedans la vie. Elle la prend à bras le corps et déjà cela l'étreint. Mais elle pense ma fille. Elle pense le sens, la direction. Ce que sa tête peut supporter. Quelles contraintes, quelle noirceur. Elle est dedans la vie et si la vie ne lui rend pas. Elle ira voir ailleurs. Elle est comme ça ma fille. Des combats oui mais à condition du trophée. Pas de faux combats, pas de simagrée. Elle sait ce qu'elle veut ou pas. Elle est comme ça.
Joie hier de la retrouver.
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Rédigé à 06h40 | Lien permanent
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Jour de fête. L'été qui fout le camps, qui fait des entre deux, des pas de côtés, des pas si loin les uns des autres. Jour de fête. On se retrouve en trio duo avec nos filles au milieu des champs, des gens. On se cale le dos, les mollets, les impressions de septembre, on cherche à remplir nos yeux et nos ventres de la vie toute entière encore. Nos soifs d'aujourd'hui n'ont rien à envier à hier, la terre est sèche et poussière, mais nos guiboles nous tiennent debout encore, nos yeux sont avides, nos oreilles tendues, on écoute le bruit que ça fait, la vie.
Rédigé à 06h36 | Lien permanent
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Il y a un an tout rond, de la pâte à pain pour faire des fouets.
Il y a un an tout rond, les deux copines, la farine et le reste.
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Elles vont se retrouver ce week-end.
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Il y a cette fois du grain à moudre alors...il y a des sourires à faire renaître,
des affres et nuages à dissoudre, du génie et de l'amour, de la confiance et de la joie
à retrouver.
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Allez les filles...
Rédigé à 10h30 | Lien permanent
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Le dernier numéro vient de sortir.
Tout en finesse, délicat et sensible, attentif.
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à l'intérieur, il y a aussi ma petite patte de mouche, mon auriculaire, mon bruit de casserole un peu cabossé, ma chronique d'un père.
Ce mois ci :
Père nouveau, père à nouveau.
Mes deux grands aujourd’hui en mode majeur (ou presque) se sont éloignés, menant leurs études (dites supérieures), me permettant d’être moins présent : c’est ainsi et c’est fort bien. Un peu de liberté et de légèreté, après tant d’années engagé à mille égards dans le rôle de père : c’est un soulagement, faut le dire bien fort, sans avoir honte finalement.
Mais je ne pensais pas qu’il me faudrait un jour remettre ça. A nouveau écouter, à nouveau expliquer, à nouveau tenter de comprendre, imposer, porter haut, faire preuve de patience, d’amour, bref : élever, faire grandir - noble mais exigeant ministère. Et pourtant. Il y a un an, famille recomposée oblige, Bellaime, 9 ans, a débarqué dans ma vie. Seulement comme je n’aime pas être obligé, toute l’année j’ai freiné des quatre fers. Ne me suis pas trop imposé, pas trop interposé entre elle et sa maman, suis resté silencieux, paresseux sûrement, prudent je crois. Mais voilà. Voilà que Bellaime entre en sixième. Et je crois qu’il est temps. Temps d’aller tous les deux manger des glaces, temps de l’aider à écrire sans trop de fautes, temps de lui expliquer qu’il y a des injustices et que parfois s’y résoudre est déchirant, temps de lui dire qu’elle doit ranger ses affaires, se laver les mains, les pieds un peu plus souvent, temps qu’il y ait des tours de rôle, des tours de vis, des tours de chant, de chahut et de joie, oui, qu'il est temps à présent de nourrir et faire vivre en plein, en creux et en bosse cette nouvelle relation. Oui, la rentrée nous oblige parfois à changer de cap, à prendre à bras le corps la vie, même dans ses plus étonnants et saillants recommencements.
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https://lenfantetlavie.fr/author/laurent/
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Rédigé à 10h19 | Lien permanent
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Photographies : Dave Heath, New York, 1960 © Dave Heath
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« Le fait de n’avoir jamais eu de famille, de lieu ou d’histoire qui me dé nissaient, a fait naître en moi le besoin de réintégrer la communauté des hommes. J’y suis parvenu en inventant une forme poétique et en reliant les membres de cette communauté, au moins symboliquement, par cette forme ».
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Il y a un phénomène dans la peinture du xviiie siècle que Michael Fried désigne sous le terme “d’absorbement”, une concentration plus intérieure, qui suspend le temps. L’appareil photographique est particulièrement apte à capturer ce type de moment. Cet absorbement est apparu dans le travail que j’ai réalisé en Corée. Il y a une immobilité étrange dans les visages des soldats, tout est suspendu. »
Dave Heath
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Rédigé à 10h06 | Lien permanent
Jean GENET. L'atelier d'Alberto Giacometti.
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"Attaquer une montagne avec les dents
Il y a cette histoire de castors, sur la continent américain, qui ont construit, de génération en génération, un barrage de 850 mètres de long coupant le fleuve en deux. C'est le genre d'histoire qui me tient debout. Il y a leur application forcenée à dresser un mur de brindilles, de branches, de déchets végétaux, d'argile, de tronc, de boue, contre le cours des choses, contre la force des eaux. Il y a leur inconscience à attaquer une montagne avec des dents; il y a leur science de rien, leur persévérance à tresser des miettes contre le courant qui ramasse tout, qui écrase toute qui disperse tout. Une sensation de fraternité. Eux et moi, on fait le même boulot."
page 13. Thomas Vinau.
Rédigé à 08h59 | Lien permanent
Balises: "Attaquer une montagne avec les dents thomas vinau comme un lundi
Dans les derniers jours de notre virée, avant une hâte auprès des bastides albigeoises, on prend le temps de tenter le grand saut. On grimpe, on se lâche ou pas, on se lance comme on peut et on laisse l'eau nous couvrir la peau, on s'accroche aux branches s'il faut, on carbure à l'eau douce, aux arbres et aux franchises, sans assurance.
Rédigé à 22h27 | Lien permanent
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JOUR 5
Dans ce lieu, on a reçu des regards francs et rieurs à nous gêner (pas tant).
On a repris à bras le corps les fraternités, les amitiés, les rencontres fortuites qui finissaient pas des numéros qu'on se laisse des numéros qu'on se fait, des habits qu'on laisse, qu'on attrape en passant. On est passé là, on serait bien resté, on a trouvé des communautés à l'envolée.
Gourmandise magique.
Rédigé à 21h49 | Lien permanent
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La cinquième nuit.
On aurait pu finir dans le purin, la purée, le rien.
Et puis vers la fin du jour, on a suivi suivi suivi le chemin
après la quincaillerie, après l'Alban pas royal, armés de nos surgissements indéfectibles.
Pour qu'un coup, un seul évidemment, a surgi juste avant la nuit
le château de Grandval.
On s'y est posé, et un feu tard dans la nuit
On a attendu les fantômes de ceux qui ont péri
On a dormi et lu et on a songé aux ronces aux herbes folles et sèches.
La vie et la mort se tiennent main dans la main.
Rédigé à 21h37 | Lien permanent
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Des couvres chefs pour des jours sans chef.
Des jours aux sOmmets, des pierres de touche, des chaos rocheux, des points d'équilibre, facile à trouver, des cieux comme des rochers.
Sur le plateau des Causses, Montjean, on a posé nos corps chez Mirabelle, la merveille, délice et écho de vie surtout
et puis on a filé sous des méandres lunaires car rien n'est rude pour qui est aimé.
Quitte, oui à y laisser nos peaux fraîches.
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Rédigé à 20h52 | Lien permanent
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Au troisième temps de la danse, il y a ce livre qui surgit.
On est dans le temps présent passé. On cherche à retenir le temps, la vie.
Mais cela nous glisse entre les doigts.
Restent les mots émotions
et le sentiment d'avoir aimé, éperdument.
Alors quand il faut apprendre à faire sans.
Aujourd'hui, nous avons quitté un temps pour un autre temps.
Irruption de toutes sortes de grandes ou petites morts.
Rédigé à 08h55 | Lien permanent
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Nos petits culs dans l'eau clair.
On a trouvé un combat à mener.
On pose notre tente au bord de l'eau
et nos corps entier dedans
tous nos jardins sont japonais.
On tente le café dans un village sans.
Plus tard, un autre lieu avec Javier Barden.
Il y a les veilles d'anniversaire
on est le 3 de septembre.
Rédigé à 06h23 | Lien permanent