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ça fait quelques années que j'ai découvert l'existence de ce corps là.
Edmond Baudouin a repris cette expérience du corps en peinture.
Il y a David Sire, il y a Nadia Vadori-Gauthier et les autres.
Demain, je vais rejoindre un autre corps de danse.
Car oui, j'aime ce lieu du demeurant en mouvement, une danse qui raconte, lâchant lassé peu à peu mon phrasé, mon chorégraphe (merci Olivier)
C'est à 10H30 à Gennes, trouver emprise, déprise, espace pour dire.
Deuxième séance.
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"Tout est lié, dessiner, peindre, faire des livres, marcher, aimer aussi, physiquement et avec la tête. La tête et le corps ne font qu’un, et sans l’amour il n’y a pas tout le reste. On a du mal à donner ce que nous sommes, si on n’arrive pas à aimer et à être aimer.
"Dessiner, faire des livres, c’est laisser une trace et dire je suis vivant, les deux sont liés : la trace et l’instant.
"La danse contemporaine m’a ouvert toutes les portes. J’avais besoin de comprendre ce qu’un trait était sur du papier, mais avec la danse j’ai compris ce qu’un geste était dans l’espace. Le geste dans l’espace et le trait sur le papier, ce n’est pas la même chose, mais ils ont quand même un rapport très net.
"Je dessine debout, je suis toujours en mouvement même devant ma feuille de papier, même pour dessiner des cases très petites, il faut que je sente la totalité de mon corps. Le rapport au corps a toujours été très important pour moi, et en découvrant la danse, j’ai découvert que je pouvais marier les deux : le corps et le trait.
"Ces danseurs m’ont montré comment mettre en petit, sur des carnets, ce qui est immense, ce qui n’entre pas dans la page, l’immensité de ce qu’il y a à l’intérieur d’une personne.
Baudouin extrait de Par les temps qui courent (Marie Richeux)
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"le Corps collectif expérimente, tente, s’aventure, machine (à la Deleuze-Guattari),
il compose avec un inconscient assignifiant, qui bourgeonne,
pulse ou flambe et qui
dans son mouvement produit des champs d’expérience.
Machiner c’est vivre,
c’est danser l’indicible,
et c’est sans doute aussi défaire-théâtre,
essayer de « trouer » les images et de les défaire en les faisant.
Il s’agirait d’investir une oscillation du vivant, une énergie ondulatoire percussive de la matière – matière visible ou matière noire –,
d’ouvrir des espaces dedans-dehors, de les laisser rayonner.
Il s’agirait, un peu au moins, de sortir de forme, d’identité, d’investir de nouvelles modalités de regards, de vivre des corps multiples traversés de seuils intensifs d’indétermination.
Il s’agirait, ne serait-ce qu’un instant ou une seconde, de tenter de créer ou d’achever la réalité, au sens que donne Artaud, c’est-à-dire de l’additionner d’une part incommensurable de réel vibratoire.
Achever la réalité consisterait ainsi à la doubler d’une part d’inachevé. C’est cela que nous tentons, secoués, funambules.
Ça nous brasse, nous secoue, nous échappe et pourtant…
Troués par le réel, nous sommes ici, avec vous, apparaissant dans nos disparitions permanentes. Transparents, nous tentons de vivre et de danser le vide vibratoire.
Dans les interstices entres les images des corps, du monde et de la pensée, nous convoquons les puissances oscillatoires de nos parts d’incertitude. "
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Dans un monde fondé sur une certaine représentation du corps et de la pensée où l’on court le risque de se couper de la vie sensible et du réel, le Corps collectif entre en résonance avec les corps, les lieux et les choses. Il investit un champ en dessous du langage, un champ perceptif, intuitif, vibratoire et conscient qui précède la détermination d’une forme. Il se tient au seuil du visible, épouse le silence, l’épaisseur fluide du réel et des sensations, pour composer avec l’incertain, l’inachevé, le transitoire. En s’attachant à produire un processus poétique ouvert plutôt qu’un objet, le Corps collectif crée des agencements qui permettent aux spectateurs comme aux artistes de vivre leur place poétique dans le monde. Les habitudes de représentation, notamment liées à l’espace de la relation artiste-public, ainsi qu’à la perception des corps et du spectacle, sont remises en question. Comment transformer le regard objectivant dominant en un regard tactile qui englobe toute l’épaisseur du monde ?
https://www.lecorpscollectif.com