Immemory

Sariganara

...

"Enfin, le soleil s'est levé. Il y a eu les grandes traînées habituelles de couleurs vives qui déchirent horizontalement le ventre du ciel et lui font au flanc de longues plaies inégales, roses, rouges et jaunes, d'où dégouline la matière encore informe du jour, lourde, tombant par taches sur la terre, la lumière investissant doucement le paysage et s'accrochant à tel ou tel de ses reliefs jusqu'à ce que — et personne ne peut jamais saisir l'instant exact où la chose se produit enfin — les morceaux épars du monde se rejoignent et recomposent le spectacle ordinaire de la vie. Ce qu'il voyait ? En un mot, toute la fade poésie céleste qui indique au regard le perpétuel recommencement du temps."

Philippe Forest. Sarinagara.

L'initiative laissée à la vie

...

Au soir, bien sûr les chats, Bellaime, sa maman.
Le jet d'eau sur la terrasse, faut se rafraichir, la nudité, la tendresse, les rires.
Danser dehors aussi. Des images d'Epinal, presque.
Je me tiens un peu à distance. Je suis dévoué, patient.
Je lis une histoire de Marathon et de pied nu, un roman de la rentrée à venir.

Au matin, tôt, je suis assis, j'écris, poursuivant un autre récit.
Au matin tôt, un chevreuil passe par là, me regarde. 
Je la réveille, elle sourit, regarde elle aussi, se rendort sourire aux lèvres et l'arbre monde au dos.
Sur la table de mon bureau, la présence de mon fils, un dessin offert.
La beauté de ce qu'elle raconte de lui, cette gravure.

J'aime toute cette humanité en mouvement, n'en suis pas lasse, bien au contraire.
En suis riche.

...

 

 

Il y a une chose en quoi je crois plus qu'en l'inspiration : l'enthousiasme

Les racines du ciel.

 

...

A la pointe de la fin du jour, on cherche encore l'élan,
la conquête du superflu qui fait vie.
Le vertige, le désir
Juste la saveur de vivre l'envol.
Dimanche riche de balançoires et d'éléphants.
Jour de combat.

"Quand vous n'en pouvez plus, faites comme moi ; pensez à des troupeaux d'éléphant en liberté en train de courir à travers l'Afrique, des centaines et des centaines de bêtes magnifiques auxquelles rien ne résiste"
Romain Gary

Et en écho de vie, cet harangue du jour dans ses remèdes à la mélancolie.

Toujours s'en remettre à plus tendre que soi

...

Elle change. Elle saisit le présent. Et dit sa joie d'être en vie. Devenir.
L'an prochain, elle quittera ce qui a perdu du sens pour elle, l'école.
Elle ira dans un lieu tout autre, graine de sens, justement.
Un lieu pour être devenir, soi au coeur de soi. 
Là bas,  on croit qu'elle portera la flamme, l'élan.
Ne pas forcer pas son talent, le trouver avec grâce,
elle le fait bien déjà.

Agir, c'est trouver le repos.

...

Premier jour de cueillette au Moulin de St Macé.
Les filles ont les coudés franches, l'air sérieux et le regard affuté.
Elles trouvent ici là ce qu'il faut pour la vie.
Herbes sauvages.
Du millepertuis, de l'origan.
Décoction, potion, huiles, nos avenirs.

...

 

Danse

...

Le temps d'un spectacle.
Hier.

Martin danse, ça lui va bien.

...

Un peu moins de 200 photographies, ici :

https://myalbum.com/album/n8A3H4eQDEmS

 

 

Le gang des doux

...

Chez nous, depuis quelques semaines
on accueille une bande de doux, fragiles.

Si la poésie ne parle pas de ce monde, alors elle n'est rien

...

"Au Japon, le printemps est le temps où l'on célèbre la nouvelle année. Ainsi chaque mot prononcé marque le moment d'un commencement.
Vita Nuova.
En italien ce la signifie à la fois jeunesse et printemps et vie nouvelle qui, pour la poésie, sont une seule et même expérience. Et c'est bien le premier mot posé au livre de la mémoire qui ouvre dans le tissu du temps, comme une incision à partir de laquelle tout se compte et se murmure : quand l'événement inouï de vivre se fait la matière d'une longue fable nouvelle où toute terreur et toute joie prennent place"

Philippe Forest. Sarinagara.

Tenir tête

...

"TENIR TÊTE

aux grands chagrins silencieux,
aux araignées des baignoires,
aux travaux pour agrandir les voies,

tenir tête et laisser aller la mienne sur l'épaule du printemps
qui s'achève,

aux certitudes dégueulasses,
aux regards méprisants de ceux qui sont sûrs de savoir,
aux images retouchées,

tenir tête et nouer ces bords d'un monde ancien comme
les quatre coins d'un torchon sale,

aux beautés passagères qui laissent des trous dans la poitrine
et du feu dans les journées,
aux animaux bruyants,
aux paroles sans profondeur aux profondeurs sans parole,

tenir tête aux têtes baissées,

aux terreurs de ceux qu'on aime,
aux vivants moins vivants que les fantômes,
aux longues nuits sans espoir,

tenir tête pour mériter un soir une belle histoire qui dure
plus longtemps que ceux qui la racontent."

Cécile Coulon.

...

Le présent léger, la conscience de faire exister.

...

Je suis en chantier, je suis chantier tout entier.
En écriture.
Cela prendra 100 jours pas plus faut pas.
Mais chaque matin, ou presque.
Se lever, écrire, rapiécer, chercher le cadre, le bon endroit.
Le sOleil en visée même s'il y a perte, il y a combat, soulèvement.
Après une semaine, les fondations solides, je trace ma route.
Il faudra appeler ensuite mes correcteurs.
Il faudra aussi accueillir ce qui viendra entre temps, les intensités, les reprises.
Ce chantier me ravit. C'est beaucoup déjà.
Hier, je remerciais Carole Zalberg en lui envoyant cette photo.
C'est elle en atelier d'écriture qui m'a confirmé
que je pouvais m'autoriser...
Alors.
Ce matin, encore gratitude.

Ce qui nous soulève, ce sont nos désirs, bien sûr.

Face à la vie

...

C'est très beau de vivre ici, de vibrer ici. Poser nos élans, nos regards et nos joyeusetés.
C'est très beau le ciel, le vent, les herbes vivaces. On prend le temps après la semaine, de savourer.
J'ai repris fort tôt le chemin de l'écriture, ne pas perdre le fil, mettre quelques cables, des jalons pour savoir où aller, pour suivre le long de la montagne, le chemin, via ferrata.
J'ai marqué quelques chemins dans la forêt, débroussailler. Faire des clairières. Pour de vrai.
Lu encore, "désirer, désobéir, ce qui nous soulève" et un premier roman de Flanagan.
La vie se vit, et c'est parce que nous sommes au paradis ici que souvent  ce monde nous fait mal.


...

 

Pour jeter toutes les douleurs par dessus bord

...

Puissance contre pouvoir ou l'acte du désir.

...

Ce qui nous soulève

...

"Exaltation, abandon, confiance surtout : ce qu'il faut à l'approche de l'infini.

Une confiance d'enfant, une confiance qui va au devant, espérante, qui vous soulève, confiance qui, entrant dans le brassage tumultueux de l'univers devient un soulèvement plus grand, un soulèvement prodigieusement grand, un soulèvement par dessus soi, par dessous tout un soulèvement miraculeux qui est en même temps un acquissent, un acquiescement sans borne, apaisant et excitant, un débordement et une libération, et pourtant à avoir peur que la poitrine ne cède dans cette bienheureuse joie excessive (...)

Hors de soi, aspiré plus encore qu'aspirant dans une rénovation qui dilate, qui dilate ineffablement, de plus en plus"

Henri Michaux, l'infini turbulent (1957)

Les nouvelles du front sont plutôt bonnes

...
Demain, c'est lundi, le premier de juin.
Demain, comme tout libraire (ou presque) je ne travaille pas.
Alors demain, je reprends un gros chantier d'écriture,
une fois de plus.

Je ne me lasse pas de mes voyages immobiles

...

La vie s'est invitée chez nous.
Rutilante, généreuse, fringante, 
Des morceaux d'enfance, mille paillettes.
Des émerveillements, un tilleul, un tuyau d'arrosage, des fraises des bois.
L'émerveillement, ce qu'il y a d'imprévisible
Quelque chose qui vient et qui appartient à un autre monde.

Ce qui me redonne le goût de vivre, me remet en vie.

Vitalité de l'amour

...

Doctrine de l'abandon, du laisser aller, de la souveraineté.
Vivre en intensité.
Aimer.

Un samedi sOir, nuit, dimanche, âge d'or.