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Rédigé à 11h16 | Lien permanent
"Le jour met ( a mis aujourd'hui à midi trente *) son bleu de travail.
Je regarde le vent.
Pourtant je ne le vois pas.
Pourtant je le regarde.
Pour relever la tête commence par lever les yeux.
Derrière la plaine blanche, les collines.
Derrière les collines, des nuages.
Derrière les nuages, d'autres horizons qui s'inventent.
J'écris à l'encre noir les jours de rien.
Les petits matins purpurins. Les soirs sans fin.
Smicard de l'aube et des pluies fines.
le temps ne se paie pas à l'heure mais aux traces de godillots qu'il laisse sur ta carcasse.
Pendant ce temps, la mort colore les arbres.
Le jour met son bleu de travail.
Je mets le mien."
Thomas Vinau.
L'*astériX du texte entre parenthèse, c'est moi qui l'indique comme un marqueur temps, nécessaire.
Rédigé à 17h43 | Lien permanent
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Ma chouette
pense ses plumes étanches à l'eau,
ma chouette fais de nos douches son berceau, je la regarde,
sa peau est douce et ferme, l'eau chaude nous soude et nous répare
son squelette est là mortel, elle est mortelle ma chouette...
sous la pluie dans notre tube plastique direction l'espace, je me dissous,
je vieillis tu grandis,
ma chouette
j'aime nos douches
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Tifenn pour sa chouette
Rédigé à 09h10 | Lien permanent
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Tribune. Nous prenions pour un coup de com le titre du livre-programme du candidat Macron, Révolution. Nous avions tort. Elu président, Emmanuel Macron développe avec son gouvernement une révolution libérale autoritaire sans précédent depuis Margaret Thatcher. Avec violence contre quiconque proteste. Jamais depuis longtemps, autant de manifestants n’ont été arrêtés, souvent «préventivement», c’est-à-dire sans délit. Jamais depuis longtemps, les forces de l’ordre n’ont à ce point, et par doctrine délibérée, matraqué, gazé, éborgné, mutilé – les journalistes sont également visés.
Le sociologue Norbert Elias, restituant le lent processus de «civilisation» européen, en rappelait quelques dimensions : «pacification des conflits», régulations publiques, interdépendances entre les personnes, notamment. Sous ce rapport, en toute rigueur, le gouvernement d’Emmanuel Macron décivilise. Après la loi travail au détriment du public et du privé, après la réforme des APL, après celle de l’assurance chômage, après la loi «transformation de la fonction publique», la réforme des retraites par points s’inscrit à son tour dans ce mouvement plus vaste de révolution conservatrice. Lequel dépacifie, et produit une démolition inédite du système social français.
La «révolution» d’Emmanuel Macron abat les régulations publiques. Boîte de Pandore, elle libère les intérêts de la finance et des employeurs privés, ces rentabilités de courte vue qui méprisent la planète, les femmes, les hommes. Pendant que sont privatisées les entreprises publiques.
La «révolution» d’Emmanuel Macron décivilise : en place des interdépendances et des solidarités d’hier, elle produit partout du «chacun seul».
La réforme Blanquer du bac rend les élèves «chacun seul» face à des orientations où joue d’abord le capital culturel hérité (ou pas). La loi Pénicaud rend les salariés du privé «chacun seul» face aux patrons, libres désormais de licencier aisément. Les concurrences s’avivent plus encore et les avenirs s’insécurisent. Ce qui empêche qu’entre salariés se forge de l’intérêt commun, un «nous».
Chacun seuls, les usagers des services publics, affrontés aux pénuries de personnels et de financements, à la ruine organisée des diverses fonctions publiques (et même l’hôpital). Chacun seuls aussi les étudiants de milieux populaires, aux bourses non revalorisées, qui enchaînent les jobs précaires pour financer (mal) leurs études.
Chacun seuls, les chômeurs qui vite basculent au RSA s’ils refusent de travailler n’importe où, à n’importe quel prix – quand il y a une proposition de travail. Chacun seul, c’est le projet, pour les salariés face à leurs retraites. Chacune seules aussi, les générations, appauvries et ainsi incapables de s’entraider.
Aujourd’hui il nous revient à toutes et tous de sauvegarder la civilisation sociale issue des luttes du passé et du Conseil national de la résistance (CNR). Les grévistes, premiers remparts contre cette «révolution», ouvrent un moment décisif. C’est pourquoi les soutenir via les caisses de grève est indispensable, et ce tout au long du mouvement. Mais, nous devons nous aussi nous engager.
Chacune et chacun doit entendre l’appel des grévistes de la première heure à venir les rejoindre ou les relayer – et pas seulement les jours de manifestation. Chacune, chacun, doit pouvoir dire non au «chacun seul» universalisé, qui risque de devenir un «sauve-qui-peut général», et dont la générale pourrait surgir du Rassemblement national.
Comme en 2005, à propos du traité de Constitution européenne, nous voulons également organiser sur le territoire un mouvement de rencontres et d’entraides pour dire «non au chacun seul». Comme les étudiants québécois qui, en 2012, ont empêché la privatisation de leur système universitaire, nous appelons chacune et chacun à épingler sur un vêtement ou sur un sac un carré de feutre rouge, et à tendre de la sorte un «carton rouge au chacun seul».
Nous espérons que certains samedis puissent converger celles et ceux qui sont dans la grève avec celles et ceux qui n’y sont pas, mais qui refusent, pour eux et les jeunes générations, la destruction de nos protections et de nos droits longuement conquis. Comme les gilets jaunes et les mobilisations écologistes, nous invitons au refus durable. Cette révolution conservatrice ne pourra être arrêtée que si ensemble, chacun devenu «nous», nous prenons notre part.
Parmi les premier·ère·s signataires : Jacques Bidet philosophe, Raphaëlle Branche historienne, Philippe Boursier professeur de SES, Judith Butler philosophe, Patrick Chamoiseau écrivain, Christophe Charle historien, Stéphanie Chevrier éditrice, Christine Delphy sociologue, Elsa Dorlin philosophe, Annie Ernaux écrivain, Didier Fassin anthropologue, Daniel Gaxie politiste, Jean-Marie Harribey économiste, Jean-Marie Laclavetine écrivain, Sandra Laugier philosophe, Frédéric Lebaron sociologue, Frédéric Lordon sociologue, Frédérique Matonti politiste, Gérard Mauger sociologue, Dominique Meda sociologue, Gérard Mordillat écrivain, Gérard Noiriel historien, Willy Pelletier sociologue, Monique Pinçon-Charlot sociologue, Gisèle Sapiro sociologue, Johanna Siméant politiste…
L’ensemble des 472 signataires est consultable sur : http://carton-rouge-au-gouvernement.fr/
Une première rencontre «Carton Rouge», de jonction entre intellectuels et grévistes, aura lieu le 1er février à 13 heures, salle Hénaff, 29 boulevard du Temple, Paris 11e.
Rédigé à 08h59 | Lien permanent
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Nous venons de finaliser la sélection des films 2020.
Quelques teasers disponibles en page d'accueil.
Prochainement horaires et tutti quanti.
Rédigé à 19h57 | Lien permanent
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Ici, il y a des pieuvres multicolores qui nous servent de décor.
Ici, on prend nos petits vélos, mono. On pédale dur pour rejoindre les étoiles, galaxies perdus.
On a dix ans, vingt ans. On écrit, on lit, c'est dimanche lundi.
Dehors pas trop. Des écrans (de fumée), pour préparer demain, dire aujourd'hui,
quand il faut rendre des comptes, on compte pas, ou juste ce qu'il faut.
Ici, bientôt avec nous le festival du film positif
On va boucler les éléments du programme cette semaine.
Ensuite on partagera dans l'univers, sur la toile...
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Rédigé à 13h31 | Lien permanent
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L'enfance ce continent, aire de jeu de vie douce ou rude, tout y est et décuplé à hauteur ou pas, montagne, ravin, mer déchainée, feu joyeux du coeur.
On s'élève seul au final par delà les vagues, on dessine, court, crie, on cherche la petite voie (voix) qui sera la nôtre
On bégaie, on s'échine, on se sauve vite cacher les larmes sous la couette, on monte on descend en riant
On veut du sel le poivre l'air frais les biscottes et biscottos
On doit jouer des coudes bras jambes, on doit, alors on fait, faut bien.
L'enfance ce continent nécessaire
Rédigé à 11h00 | Lien permanent
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Aujourd'hui c'est le printemps l'été et tutti quanti
Aujourd'hui c'est la vie au bond, je saisis en haut de la trajectoire mon désir, ça rebondit ici là, ça tricote des interlopes, des interludes qui durent
Aujourd'hui je caresse le ventre du froid dans la maison, je lui joue des tours, je m'entoure de tapis d'eux, de tapis glaise en cotonnade
Aujourd'hui, troisième jour de solitude, mon garde fou à pris le large et je ne prends pas encore l'eau, l'au delà me glisse entre les omoplates, j'écris ici ou là des histoires pour demain, je parle de Sibérie, je parle de l'eau des fleurs, des cormorans, de tous nos abattis pas démontés, des projets comme des cathédrales, des festivals, des expos, des livres à écrire.
Aujourd'hui riche d'hier mes amis croisés embrassés saisis un peu dans leur joie bien vivante en eux.
Aujourd'hui travail à la librairie, troisième jour en mode solo et c'est une chasuble nacre, un vêtement pas trop grand, pas trop serré, on prend le temps d'écouter de voir, de saisir le feu le fébrile on déplace un cadre mal ajusté, on cesse le commerce et la dictature de décembre, on est dans l'axe pas à coté pas de coté, de face.
Aujourd'hui je pars en week end retrouver mon amour et mes grands amis, y aura du vin oui du miel et de la mangue, des oeufs de caille de grandes lumières, on chassera le sordide et le quelconque parce que la vie nous veut la vie nous veau vache cochon abeille goéland.
Rédigé à 08h57 | Lien permanent
Rédigé à 22h09 | Lien permanent
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SEGUIDO vous souhaite de vous laisser surprendre, happer, ensorceler, émouvoir, par les sons et les bruits qui nous traversent chaque jour...
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J'oeuvre avec eux depuis quelques années. Privilège.
Merci à eux pour tout.
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Rédigé à 22h00 | Lien permanent
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Je vous souhaite (donc je me souhaite)
d'être en 2020
une dizaine de ballots de paille dans un champ le soir,
une douzaine de chapeaux de paille sur une étagère le soir,
une vingtaine de fétus de paille sur un balcon le soir,
une trentaine d'oiseaux empaillés dans un grenier le soir,
une cinquantaine d'objets oubliés dans une brocante un soir
qui attendent patiemment la nuit pour...
Louis Dubost.
Extrait de Jonas Orphée.
Théâtre en 147 fragments.
Rédigé à 21h55 | Lien permanent
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2019 a été une année profuse et confuse, réactive et rebelle, manifestante et preneuse à revers, déboussolée en ses appartenances comme égarée en ses espoirs.
En résumé, 2019 a été une année totalement à la rue.
La polysémie de l’intitulé est bienvenue. 2019 fut grosse de révoltes esquissées, inabouties ou réversibles, qu’elles soient arpenteuses du macadam, réseauteuses radicales ou férocement sociétales. 2019 est descendue sur le pavé contre des puissances de différents types, contre des nuisances variées et pour des espérances chamarrées. A travers le monde, les pouvoirs en place, réels ou symboliques, en ont pris pour leur grade.
Même les Gafa ont senti le vent du boulet. Mais personne n’est certain de ce qui suivra. Il est fort possible que le nouveau monde promis n’advienne pas ou sombre plus vite que l’ancien, le turn-over des responsables de tous secteurs étant bloqué en mode essorage. La macronie et ses ministres lessivés par divers conflits d’intérêts peuvent en témoigner.
En tout cas, la tourneboule générale est forte qui voit les évidences se faire éborgner par les LBD aveuglants des remises en cause systémiques, anthropologiques et métaphysiques. On ne sait plus trop si le peuple ronchonneur veut une démocratie intégrale ou des potentats populistes. On se gratte la tête pour décider si ce flirt avec les hommes forts est la réponse inconsciente à la montée au pinacle des femmes pulvérisantes.
On a bien compris que, si les droites numérotaient leurs abattis pour mieux abattre leur jeu et quelques conquêtes sociales, les gauches étaient tellement fragmentées qu’elles ne savent plus où elles habitent.
Au sein de ce camp du progrès en voie d’émiettement, les tenants d’une laïcité émancipée se bastonnent avec les servants des religions et autres exigeurs de respect. Les défenseurs de la liberté de création percutent les accusateurs des déviances très masculines des artistes. Surtout, les optimistes, tenants d’une croissance maintenue même si reverdie, se castagnent avec les pessimistes, collapsologues et autres Cassandre, qui marquent des points, canicule de juillet aidant.
En décembre, à l’heure du basculement dans une nouvelle décennie, la France vieillissante est «dans» la rue pour sa retraite, en une bataille assez classique entre le libéralisme anticolbertiste et le social des avantages acquis. Plus perturbant, le pays est particulièrement «à» la rue dans son rapport au climat (très ou trop chaud ?), à la nourriture (bon vivant pompette ou abstinent ?), à la séduction (Tinder ou #MeToo ?), à la consommation (drones Amazon ou jardiniers locavores ?), à l’expression (free speech ou politiquement correct ?). Toutes ces querelles sont de plus en plus agressives, même s’il ne faut pas mésestimer la part de posture. Et cela fait que les gilets jaunes se laissent déborder par les black blocs et les débatteurs gourmés par les twittos hystéros. Chacun cherche à annihiler son tourmenteur, à disqualifier son coupable, à fracasser son détesté. Conséquence de la séquence, le cher et vieux pays de De Gaulle approche du point de ru(e) pture. Sans qu’on puisse savoir si la carriole cahotante, pavoisée de tricolore, continuera son cahin-caha de fier-à-bras gaulois et réfractaire ou si le véhicule propre et décarboné conduira à l’échafaud reconverti en chaise électrique drapée de bleu-blanc-rouge les autorités variées qui n’en exercent plus beaucoup. Il est d’ailleurs tout à fait envisageable que les deux hypothèses coexistent, tant la délégation n’est plus de saison et tant le participatif s’impose via les groupes WhatsApp, les pétitions en ligne ou les cagnottes salvatrices.
A l’étranger, question lisibilité des augures, on n’est pas plus avancé.
Ça grince et ça grogne, ça avance et ça régresse à la fois.
Les illibéraux font leur miel de l’angoisse ambiante, même s’ils se font souvent claquer le beignet.
Moqué pour son incompétence supposée et détesté pour ses inconséquences isolationnistes, Trump survit et sadise la planète. Il pourrait même glaner une incroyable réélection. Johnson l’ébouriffé a mis en plis la réaffirmation conservatrice du désir british d’en finir avec l’Europe.
Lassée et contrariée, l’UE, elle, devrait se souvenir qu’il ne sert à rien de baffer la souveraineté populaire, sauf à se voir souffleter en retour par des bulletins de vote entêtés. En Italie, Salvini a manqué son putsch. Mais le Raminagrobis caresse son reflet dans l’eau trouble où scintillent les émergentes «sardines», mouvement de dépassement des clivages anciens, qu’il équeuterait bien d’un coup de patte, comme il l’a fait pour les Cinq Etoiles de Grillo.
Côté Moyen-Orient, les renversements sont plus sanglants. Le Turc Erdogan en remontre au Syrien Al-Assad, question cynisme tranchant. L’autoritaire musulman trucide les Kurdes que Trump a abandonnés, charmante façon de les remercier de leurs bons et loyaux services dans la lutte contre l’Etat islamique. Se sentant foireux, le shérif américain a compensé vite fait, avant de se carapater, en faisant tuer le calife de l’EI, Al-Baghdadi. En Algérie aussi, l’incertitude règne. La rue a démantibulé pacifiquement le subclaquant Bouteflika, sans pour autant se débarrasser de son clan, ni des généraux.
Pour ce qui est du siphonnage des chefferies, l’Amérique du Sud est la reine des gargouilles aspirantes. Là plus qu’ailleurs, la rue n’est plus forcément un lieu réservé à la gauche. Comme les palais et leurs coulisses patronales ne sont plus un refuge pour la droite. Au Venezuela, Guaidó, le libéral conquérant, se révèle moins gendre idéal que prévu. Mais pas au point de redorer le blason de Maduro, indigne successeur de Chávez.
En Bolivie, c’est Morales qui est de sortie quand, au Chili, c’est l’héritage Pinochet qui est refusé. Heureusement, Lula sort de prison pour en remontrer à Bolsonaro. Rien n’est clair, rien n’est simple, tout bouge à toute vitesse, entre élections et procès, manifestations et répressions, lynchages et relégitimations. Seul Hongkong semble lutter à l’unisson, tel un étudiant à parapluie bravant les chars de Pékin, trente ans après Tiananmen.
En 2019, deux femmes ont tenu le haut du pavé. Adèle Haenel, actrice de 30 ans, a vitrifié le cinéma français en faisant état d’abus passés de la part d’un réalisateur quand elle était adolescente. Galatée a médiatiquement égorgé Pygmalion. Elle a mis le feu à un ordre masculin ancien, tout en triomphant en égérie éprise d’un film tourné par une femme, Cécile Sciamma.
Greta Thunberg, elle, est la mauvaise conscience du monde développé.
Cette Suédoise de 16 ans s’impose en Antigone à nattes, refusant d’enterrer la planète moribonde sous les murailles fossilisées de Thèbes surchauffée. Elle est la figure grondeuse d’une génération de millennials furieux de l’irresponsabilité hédoniste et dispendieuse des baby-boomers.
Quant à ces derniers, à Paris et ailleurs, ils remontent les rues pour sauver leurs retraites. Pensions que vont finir par refuser de payer Greta et les siens. A l’aube d’un siècle qui aura bientôt 20 ans et qui ne laissera dire à personne que c’est le plus bel âge de la vie.
photo : Corentin Fohlen.
Rédigé à 21h25 | Lien permanent