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On accumule c'est sûr des tas de figurines, des figures comme autant de déclinaison du présent, une conjugaison intime.
On les empile, les moments, en tas c'est mieux, on range dans la boîte du jour.
On se demande ce qu'a fait le temps oui, la matière de la vie, sur nous.
Qu'est ce que ça produit la vie.
On sait l'amour présent, ça rassure.
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Ecrire ici oui c'est faire Face à l'immémorable (Louis-René des Forêts) :
"Cette masse indifférenciée comme perdue sur un fond de grisaille où la lumière n'a accès que par intermittence et semble même de jour en jour se faire plus rare, quel langage serait assez chargé de désir pour lui donner relief et couleur"
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Alors on continue, sans se lacer (de chaussures),
et tente de ne pas se prendre les pieds dans le tapis,
du faire pour, du beau faire part.
même si on sait au fond qu'on fait toujours pour quelqu'un
et qu'on fait part, on dit au monde, comme par nécessité
notre naissance quotidienne
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On se justifie, on s'aligne, on se remet en ordre de marche
allez, à la ligne
et surtout
on dit en photographie
parce que c'est plus rapide.
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Il est passé huit heures, cette nuit la pluie, courir dehors pour rentrer fauteuils d'osier, veiller au potager pour éviter inondation.
Il est passé huit heures, ce matin la pluie encore, c'est bon ce qui ouvre le jour par un changement.
Hier, j'ai causé dans la chambre d'hôpital, on a mis le haut parleur.
Ma mère qui aime les dates et compte : elle a dit que ça faisait deux mois tout rond.
Ce midi là, ils dînaient tranquille dans la salle à manger.
Et puis...il l'emmène, faut faire vite.
Il est depuis..là bas, loin de nous.
ça fait deux mois d'hôpital, covidose doloris
Et un corps en momie, après un long coma protecteur
un corps immobilisé, un souffle toujours assisté, pas sorti d'affaire
Eux s'affairent pour lui et chaque jour nous, on s'enquiert.
Eux disent pour lui.
Aujourd'hui, sa bouche qui produit des phrases parfois (on nous a dit)
m'a offert un gloubiboulga inquiet.