"Nous savons, assurément que c'est la nature d'une tâche qui commande la façon dont elle sera exécutée.
Où existe la volonté, existent aussi les moyens : et, pourvu que la volonté soit assez forte, les moyens seront trouvés"
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"Nous savons, assurément que c'est la nature d'une tâche qui commande la façon dont elle sera exécutée.
Où existe la volonté, existent aussi les moyens : et, pourvu que la volonté soit assez forte, les moyens seront trouvés"
Rédigé à 07h42 | Lien permanent
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"Finalement, ce qui constitue l'ossature de l'existence ce n'est ni la famille, ni la carrière, ni ce que d'autres diront ou penseront de vous, mais quelques instants de cette nature, soulevée par une lévitation plus sereine encore que celle de l'amour et que la vie nous distribue avec une parcimonie à la mesure de notre faible coeur"
Nicolas Bouvier.
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Je suis reparti depuis quelques jours avec Nicolas et Thierry sur les routes d'Anatolie.
J'avais lu leur journal, mal. Je suis maintenant auprès d'eux dans chaque mot, chaque silence et leur rencontre avec le monde, la philosophie de vie qui se dégage des moments vécus me portent haut et fort ces derniers temps.
Au moment du départ vers des ailleurs, ce livre me tient lieu de Bible.
Se révèle plus que ne se lit.
C'est surprenant un récit, un livre quand il est relu, repris.
On passe parfois quoiqu'on en dise, complètement à côté.
Je crois cette fois, que je suis avec lui, enfin.
Cet été est puissant.
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Rédigé à 07h38 | Lien permanent
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Certains photographes vous donnent vraiment envie de continuer, élargir, affiner l'exercice du regard et de la photographie.
Cette semaine : Michal Solarski et Thomasz Liboska
Rédigé à 16h55 | Lien permanent
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https://prumtiersen.typepad.com/journal/page/8/
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"La vie intérieure est d'une richesse métaphorique infinie, et elle n'a pas de formes établies : conséquemment, on a besoin des métaphores pour la penser. Or, ces métaphores permettent de la visualiser et de la manipuler, mais, comme toute métaphore, elles sont des solutions et des obstacles, c'est à dire qu'elles résolvent des problèmes mais, dans d'autres situations, elles en créent.
Que se passe t'il si la métaphore fondatrice de la morale repose sur une erreur de conception de l'animalité ?
La morale traditionnelle métaphorise le désir comme animal, et se trompe de nature de l'animal. Donc elle se trompe sur la métaphore de la relation à lui : elle réclame une domination d'une bête dépendante, plutôt qu'une cohabitation avec les animaux bien vifs qui nous habitent et nous constituent.
La diplomatie revient alors à connaître finement, par une éthologie de soi, le comportement délicat et ardent de sa vie affective, pour amadouer et influencer des désirs à la vitalité intacte. Et les faire converger dans une direction ascendante, c'est à dire généreuse."
Batiste Morizot. Cohabiter avec ses fauves.
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Rédigé à 12h02 | Lien permanent
« Exaltation, abandon, confiance surtout : ce qu'il faut à l'approche de l'infini.
Une confiance d'enfant, une confiance qui va au devant, espérante, qui vous soulève, confiance qui, entrant dans le brassage tumultueux de l'univers devient un soulèvement plus grand, un soulèvement prodigieusement grand, un soulèvement par dessus soi, par dessous tout un soulèvement miraculeux qui est en même temps un acquiescement, un acquiescement sans borne, apaisant et excitant, un débordement et une libération, et pourtant à avoir peur que la poitrine ne cède dans cette bienheureuse joie excessive (…) »
Henri Michaux, L'infini turbulent (1957)
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“Afin que se réveille en murmurant le petit tas de cendre que font les mots sur le papier.”
L'hirondelle rouge, Jean-Michel Maulpoix.
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« Ce qui importe, c’est qu’avec le monde on fasse des pays et des langues avec le chaos du sens, avec les prés des chalps de bataille, avec nos actes des légendes et cette forme sophistiquée de la légende qu’est l’histoire, avec les noms communs du nom propre »
Pierre MICHON, Mythologies d’hiver.
Rédigé à 08h29 | Lien permanent
"Je me suis dit qu'on écrivait toujours sur le corps mort (...) de l'amour.
Que c'était dans les états d'absence que l'écrit s'engouffrait pour ne remplacer rien de ce qui avait vécu ou supposé l'avoir été, mais pour en consigner le désert par lui laissé"
Marguerite Duras, L'été 80
Rédigé à 13h39 | Lien permanent
"Oui, devenir miroir du monde sans pour autant jamais lui faire écran.
Se transformer en reflet, en écho, en courant d'air, faire un avec les choses de façon à pouvoir ensuite parler en leur nom.
Et peu importe si de temps à autre ces reflets, ces photographies, sont de purs coups de chance ou des aubaines, car ce sont les circonstances qui comptent."
Alexandre Chollier
Rédigé à 13h35 | Lien permanent
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"Il se pourrait qu'une telle relation soit la plus belle, la plus dénuée de mensonge.
Car la vérité de l'amour est précisément de consentir à perdre l'être qu'on aime. Mieux : c'est l'avoir déjà perdu. Qu'est ce à dire ?
Ceci : aimer, ce peut être (c'est toujours d'abord) un rapport de possession. C'est la joie que l'autre m'appartienne. Cette joie, toutefois, est vouée à s'affiner et à se renverser, à s'accomplir en se niant : elle deviendra joie que l'autre existe, pour lui même, quand même j'en serais dépossédé. (...)
Posséder, en amour, c'est consentir à perdre. C'est nier ce qui, dans l'amour, est négation de l'autre : ce qui lui refuse d'exister pour lui même.
Nous ne pouvons posséder l'être aimé comme on possède une chose. Cette vérité en vrai est douloureuse d'une douleur d'autant plus vivre que la joie d'aimer est plus forte. L'amour est une union qui libère, une distance qui relie : c'est savoir perdre l'autre pour l'accueillir mieux, pour l'accueillir tel qu'il est sans plus le rapporter à soi d'abord.
Aimer ne se peut qu'avec le tact d'une main ouverte, qui accueille, parce qu'elle s'est refusée à prendre et qu'elle a consenti à perdre. On ne reçoit pleinement la présence d'un être que de s'être résolu à ne le posséder jamais.
Folie de notre monde : pour ne pas perdre une chose, il la consomme.
Et ce faisant la perd.
Que reste t-il de ce monde soumis à notre possession ?
Folie de notre monde qui désire mal. Folie à laquelle s'oppose la sagesse qui s'offre à nous, en ces temps de fin : l'horizon de notre apocalypse nous confie les uns aux autres, sans perspective de possession.
C'est la notre chance : toutes choses perdues, reste leur claire présence, le mystère de leur existence, la joie de ne les posséder point et, ce faisant, de les recevoir pleinement."
Martin Steffens. Vivre ensemble la fin du monde.
Rédigé à 12h23 | Lien permanent
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Il y a chaque samedi depuis trois ans, quelques minutes que je m'offre, avant d'ouvrir la librairie
Faire le plein de bons produits, de paroles et de sourires.
On se retrouve chaque semaine ici, on sillonne slalom au temps volé, parfois on s'ébroue, on s'étonne
toujours on saisit un regard un sourire et des herbes tendres.
Cette semaine mise en boîte :
Le four Aboie. Géraldine ENET et David CHEVALIER.
Les miels de la famille GIRARD de la Breilles les pins.
Christophe LEVEQUE et ses herbes et petits fruits magiques et sans traitement
Rédigé à 07h52 | Lien permanent
"Quand vous dites
Qu’il faut marcher avec ceux qui construisent le printemps
Pour les aider à ne pas être seuls
Et pour ne pas être seul soi-même
Dans sa tour de pierre
Dévoré de lierre
Je vous donne raison
Et quand vous dites
Qu’on n’a de raison d’être
Que pour les autres êtres
Vous avez raison vous avez raison
Et quand vous dites
Qu’il faut chanter le monde pour le transformer
Et pour l’expliquer et pour le sauver
Et pour vivre non seulement dans sa bulle de savon
Mais dans la haine de l’injustice
Et pour un but incarné comme un champ de blé
Vous avez raison vous avez raison
Mais je sais
Qu’une étreinte fraternelle sans patrie ni parti
Est plus forte que toutes les doctrines des docteurs
Mais je sais
Que pour libérer l’homme des haltères de misère
Il ne suffit pas de briser les idoles
Pour en mettre d’autres à leur place publique
Mais qu’il faut piocher et piocher sans fin jusqu’au fond de l’abcès
Et boire ce calice jusqu’à la lie
On ne libère pas l’homme de son rein flottant
Par une gaine élastique aux arêtes barbelées
On ne libère pas l’homme de son corset de fer
En le plongeant dans un vivier de baleines
On ne libère pas l’homme de ses maudits États
En le condamnant à vie par un modèle d’État
La vérité n’est pas un marteau que l’on serre dans sa main
Fût-ce une main de géant plein de bonne volonté
Mais la vérité c’est ce par quoi nous sommes façonnés
Mais vérité c’est par quoi nous sommes éclairés
Quand par la nuits sans suite les mots jaillissent de nos lèvres
Pour apaiser les hommes suspendus à leur vide
Et je dis non
Je dis NON aux miasmes et marasmes et à tout ce qui rampe et glisse et se décompose. Je dis NON aux paroles en beurre avec tous les honneurs, prix des prix, médailles, promotions, nomenclatures, carrières diverses et de sable. Je dis NON aux nargues et venargues et subardes à l’air conditionné. Je dis NON aux cabotons pieds de biche, archivoltes, croupions et portails, jarretelles et jarretières et collants intégraux. Et je dis NON au gros, au détail, aux tarifs, aux clients, au débit, au crédit, aux factures et l’escompte. Je dis NON aux affaires fructueuses, au lugubre, à la lie. Pas d’argent, pas de sang. Je dis NON à tout ce qui se dérobe clandestinement à la folie naturelle. Je dis NON à la suite, à l’axonge et la panne et la glu et le lard et l’anus et les écoulements-excréments et les boucheries des animaux innocents. Je dis NON à la basse-cour, à la Haute Cour, les bombyx, les bombements. Je dis NON aux concubinages et mariages et lois contre les trigames, adultères en babouches, en culottes trop serrées pour femmes en état de grossesse.
Je dis NON aux regards fuyants et aux bouches suçoirs.
Je dis NON aux stratégies amoureuses, aux ogives nucléaires, aux missiles et fusées mortuaires. Je dis NON aux duplicatas.
Je dis NON à l’État.
La culture ou l’ordure ? Je suis contre. Je dis NON aux manies cérébrales, aux visages détournés, aux rivières desséchées.
Je dis NON aux écorcheurs, procureurs, professeurs, ordinateurs, aux musées et aux râteliers. Il y a OUI pour le NON. Il y a poésie et poésie. Il y a eau minérale et eau minérale. Il y a cérémonies. Il y a tout le fourbi. Il y a le roussi. Il y a la folie."
Paul Valet.
Rédigé à 13h16 | Lien permanent
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il y a des mOments traversés par des forces slaves, des mailles d'éternité, des voies qui s'agrandissent encore : joyeuseté, les vagues qui secouent, baisers de tendresse, baisers incendies.
il y a les fins de semaine comme des débuts d'autre chose, fins de mois, faim de moi et d'autres îles.
exigence de vie souveraine, abandon du prince sous la neige d'été, moment de départ, champ des possibles
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photographies : Oleg Klimov, Igor Moukhine et Dmitri Markov.
Rédigé à 13h30 | Lien permanent
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Ce dimanche, on y était et on a bu des verres et on a vu des gens.
On a retrouvé certains viticulteurs, qui nous ont reconnu (fichtre)
On a aimé leur dire, notre amour à nous pour leur vin à eux.
On a écouté les nappes musicales qui donnaient à l'instant une
impression de Patagonie.
On a fait la sieste à un moment dans les vignes, sous les amandiers
en regardant les nuages filer loin.
On a posé parlé un peu avec Justine, avec Marion, avec David, avec Laure et ses amis
Et avec d'autres gens dont on ne sait pas le nom.
On s'est projeté avec eux dans des soirées à venir.
Peter Pan.
On a vu en partant
un chien dans la vitrine de la pharmacie
qui avait mis tout à sac
et ça nous a fait rire de nous imaginer qu'il avait passer le week-end là
à siroter les sirops et
du Dafalgan.
J'ai laissé un peu en paix
mon sourire déchiré comme un bas nylon
pour laisser venir, l'été tropical.
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Rédigé à 07h12 | Lien permanent
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Voilà un mois que mon père est mort.
Un peu plus d'un mois, un peu plus encore, oui un mois que mon père ne dort plus.
Il est mort, oui. Et en écho inversé cette chanson populaire qu'il aimait : "je ne suis pas mort, je dors"
Il y avait pourtant en début d'année, un élan, un réveil qu'il découvrait (j'oserai dire enfin).
Un geste de la main pour écarter tout ce qui jusque là, lui faisait tort.
Lui, qui vivait depuis tant, à la lisière, en bordure, au bord de tant : mon père aurore, mon père...
J'avais écrit avant hier, sur un morceau de papier, un mot au feutre gris argenté, un mot pour le qualifier
mais j'ai perdu ce papier, preuve peut être qu'il a, au final (comme un point) réussit à ne pas se faire enfermer
Nos pères sont peut-être toujours un peu plus que l'on en sait et plus encore que l'on peut en dire.
Ce que je sais moi, quelques semaines après, c'est qu'il ne connaîtra pas cet été, ni l'été ni le goût du miel.
Ce miel dans le grand pot acheté pour lui et que j'espérais lui déposer comme onguent à l'hôpital quand il aurait commencé à s'en remettre.
Ce que je sais c'est qu'il brille par son absence, comme disent certains enseignants face à des cancres récalcitrants.
Pour briller, c'est qu'il brille à présent, et ça fait mal aux yeux.
Ce matin, à mon père et à tous les vieux, morts de madame la covid, j'offre ces roses en boutons fanés, un peu de miel et le goût d'un été qui sera pour eux...
éternel.
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C'est la tristesse tranquille.
Le désarroi d'un été sans lui.
Rédigé à 06h31 | Lien permanent
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Il y a ici le samedi : des visages des mains ce mouvement, le marché. Il y a chaque chose : préparée, présentée, pesée portée, amenée, offerte, déclinaison en gestation. Il y a précision et abandon, des sourires, les dés sont jetés. Le coeur à la main, le coeur à l'ouvrage, la fatigue, ce qui s'enchaîne, la semaine se termine. Le jeu à jouer, tambour battant.
Chaque semaine de juillet, je vais saisir ce mouvement là.
Trois par trois.
Cette semaine :
La Bizéenne
Rédigé à 10h25 | Lien permanent
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Tout nous vient par le truchement des êtres et des pierres et des arbres, de la Nature toute entière.
Tout nous vient mais pouvons nous et nous associer et nous laisser rejoindre.
Tout nous vient par mille truchements.
Chaque midi, je m'allonge sous un arbre. C'est la pause du libraire.
Je pense à mes pas, à ce que je m'autorise, à ce que je m'interdis.
J'avance sur place dans mes songes. Je suis sur la plage d'herbe et des copeaux de bois se glissent sur mes tissus fibreux
Je prends des pintes de soleil, et jouis de la vie par tous les pores, empereur de ma Chine intérieur, milliard d'individus.
Rédigé à 13h48 | Lien permanent
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"Je te le demande avec la plus grande insistance, ne te lasse jamais de scruter les visages, de recueillir le moindre geste, l'expression la plus singulière : porte-les, garde-les dans les silences sans fond de ton coeur.
Toi même, prends davantage conscience de la merveille que tu es. Emplis la prière de ta chair, fais de ta chair un étonnement perpétuel. (...)
Tes yeux abritent toute la hauteur du ciel, mais ce sont tes mains, comme un visage plus loin, plus secret, tes mains sans ornement aujourd'hui, qui me parlent plus librement de toi. Elles semblent posées là comme deux oiseaux sur la branche, comme ces ailes qui sont faites pour nous emporter. Nous n'y prêtons guère attention. Nous les traitons souvent comme de vulgaires ustensiles. Regardons les avec considération, dans la gratuité de leur nudité (...)"
Philippe Mac Leod. Avance en vie profonde
Rédigé à 09h14 | Lien permanent