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"Quand on fait de la musique, je ne sais pas si on fabrique quelque chose, mais on veut retrouver la magie de l'enfance. Dans un monde désenchanté, on joue à l'apprenti-sorcier, on donne de l'épaisseur à des moments un peu mystiques."
"La poésie a pour nous une odeur de souffre et une puissance émancipatrice. Elle nous fait sentir que l'humanité a quelque chose en partage. Elle fait ressortir les étincelles cachées de ce monde"
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Je crois que dans notre playlist de printemps et avec l'ouverture de l'Idiot, ce Palais d'Argile nous offrira de belles résonnances.
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Rédigé à 07h52 | Lien permanent
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La colère est un animal que j’ai couvé ces derniers mois.
Passé la sidération du printemps, je l’ai sentie grogner en moi à chaque nouvelle allocution gouvernementale.
Un aboiement pour chaque demi-mesure : chaque cours de sport fermé, chaque université close, chaque concert assis annulé, quand nous étions pourtant en mesure – plus que H&M ou Bershka – de faire respecter toutes les normes sanitaires en vigueur.
Si, comme le dit le cliché, la soif de contestation est le propre de la jeunesse, alors tout n’est pas perdu, j’ai des poches bleues sous les yeux, certes, mais aussi des aboiements dans le ventre. De la colère, donc. Mais aussi, mais surtout son envers : j’ai du désir. Un désir d’ailleurs. Un désir fou pour une vie plus imprévisible et sauvage. Cette vie sensuelle qui nous manque tant depuis un an.
Depuis que nous sommes assignés à domicile, c’est drôle, je suis obsédée par les animaux – les seuls à ne pas porter de masques.
En décembre, en réaction à la fatigue, j’ai adopté un chien. Jean-Poire de son prénom.
Un chien qui me pousse à sortir sans cesse, à ne pas m’endormir dans le confort du canapé, un chien qui m’enjoint à marcher la nuit, où je le veux, comme il le veut. Avant de dormir, je lis désormais Jack London pour rééquilibrer le plaisir régressif de Netflix et, au milieu des conversations Messenger qui peuplent mes rêves, me surprends à voir ici un cheval, là un aigle. « Je crois qu’il ne faut pas fuir devant l’inaccompli qui gît au fond de nous : il faut s’y confronter », écrit l’anthropologue Nastassja Martin dans Croire aux fauves, sur sa rencontre avec un ours qui lui a arraché le visage et, la faisant frôler la mort, lui a redonné vie. Ce refus de fuir l’inaccompli au fond de nous, j’y tiens comme on tient à une sensation de jeunesse. Comme on refuse de céder sur son désir. Comme on reste loyal à ses rêves.
Le désir d’une vie plus ample ne nous a pas quittés depuis mars 2020. On en retarde seulement la réalisation. Mais le temps n’est peut-être pas si linéaire qu’on le croit.
Si nous avons tous eu 71 ans avant l’heure, demain reviendront sans doute, comme des spectres, les 16, les 20 ou les 29 ans que nous n’avons pas pu vivre. Et quand notre année de jeunesse perdue émergera, alors nous nous vengerons.
Au sortir de tout ça, quand on pourra de nouveau danser sans masque, voyager sans raison, mettre notre main sur une épaule et changer une bise en baiser, alors je veux croire que nous serons sauvages comme jamais. Que nous jouerons – sur scène ou dans la rue – avec l’énergie de jeunes chiots, que nous oublierons de rentrer chez nous le soir et que nous nous noierons dans une musique vive et sans âge.
Une musique essentielle qu’on entendra de nouveau pour la première fois.
Rédigé à 07h47 | Lien permanent
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La colère est un animal que j’ai couvé ces derniers mois.
Passé la sidération du printemps, je l’ai sentie grogner en moi à chaque nouvelle allocution gouvernementale.
Un aboiement pour chaque demi-mesure : chaque cours de sport fermé, chaque université close, chaque concert assis annulé, quand nous étions pourtant en mesure – plus que H&M ou Bershka – de faire respecter toutes les normes sanitaires en vigueur.
Si, comme le dit le cliché, la soif de contestation est le propre de la jeunesse, alors tout n’est pas perdu, j’ai des poches bleues sous les yeux, certes, mais aussi des aboiements dans le ventre. De la colère, donc. Mais aussi, mais surtout son envers : j’ai du désir. Un désir d’ailleurs. Un désir fou pour une vie plus imprévisible et sauvage. Cette vie sensuelle qui nous manque tant depuis un an.
Depuis que nous sommes assignés à domicile, c’est drôle, je suis obsédée par les animaux – les seuls à ne pas porter de masques.
En décembre, en réaction à la fatigue, j’ai adopté un chien. Jean-Poire de son prénom.
Un chien qui me pousse à sortir sans cesse, à ne pas m’endormir dans le confort du canapé, un chien qui m’enjoint à marcher la nuit, où je le veux, comme il le veut. Avant de dormir, je lis désormais Jack London pour rééquilibrer le plaisir régressif de Netflix et, au milieu des conversations Messenger qui peuplent mes rêves, me surprends à voir ici un cheval, là un aigle. « Je crois qu’il ne faut pas fuir devant l’inaccompli qui gît au fond de nous : il faut s’y confronter », écrit l’anthropologue Nastassja Martin dans Croire aux fauves, sur sa rencontre avec un ours qui lui a arraché le visage et, la faisant frôler la mort, lui a redonné vie. Ce refus de fuir l’inaccompli au fond de nous, j’y tiens comme on tient à une sensation de jeunesse. Comme on refuse de céder sur son désir. Comme on reste loyal à ses rêves.
Le désir d’une vie plus ample ne nous a pas quittés depuis mars 2020. On en retarde seulement la réalisation. Mais le temps n’est peut-être pas si linéaire qu’on le croit.
Si nous avons tous eu 71 ans avant l’heure, demain reviendront sans doute, comme des spectres, les 16, les 20 ou les 29 ans que nous n’avons pas pu vivre. Et quand notre année de jeunesse perdue émergera, alors nous nous vengerons.
Au sortir de tout ça, quand on pourra de nouveau danser sans masque, voyager sans raison, mettre notre main sur une épaule et changer une bise en baiser, alors je veux croire que nous serons sauvages comme jamais. Que nous jouerons – sur scène ou dans la rue – avec l’énergie de jeunes chiots, que nous oublierons de rentrer chez nous le soir et que nous nous noierons dans une musique vive et sans âge.
Une musique essentielle qu’on entendra de nouveau pour la première fois.
Rédigé à 07h47 | Lien permanent