"23 jours de grève de la faim, et rien ne change ! Nous ne voulons plus d’effets d’annonce !
Cela fait 23 jours qu’Anaïs, Ludovic et Philippe sont en grève de la faim, ils mettent leur vie en danger et aucune réponse n’est apportée à leurs revendications : l’arrêt des expulsions pendant la trêve hivernale et de la destruction des effets personnels.
Le dialogue raisonné et citoyen demandé est toujours inexistant.
Sans aucune discussion préalable avec les grévistes de la faim, les propositions du gouvernement ont été présentées sur les plateaux télé dès le 31 octobre.
Le lendemain, premier jour de la trêve hivernale, six lieux de vie – soit plus de 1000 personnes - ont été expulsés en toute illégalité et sans qu’aucun dispositif d’hébergement ne soit proposé. Ces annonces sont totalement déconnectées de la réalité. Elles ne changeront rien aux traitements inhumains et dégradants que subissent chaque jour les personnes exilées à Calais.
Nous le savons, on voudrait vous faire croire que nous refusons le dialogue. Or celui-ci n’a jamais débuté. Nous ne refusons pas le dialogue mais nous ne négocierons pas des propositions infaisables, illégales et hypocrites :
Infaisables car un diagnostic social préalable à chaque expulsion impliquerait un entretien individuel tous les deux jours avec chacune des 1500 personnes présentes sur l’ensemble des terrains expulsés. Un tel dispositif est indispensable mais requiert un cadre apaisé et stable, incompatible avec les expulsions.
Illégales car les expulsions en flagrance continueront alors qu’elles ne sont qu’un détournement du droit conduisant à la violation des droits fondamentaux des personnes occupantes de terrain. Nous le rappelons, une décision de justice doit être un préalable à toute expulsion de terrain.
Hypocrites car les mises à l’abri dont on a de cesse de nous parler ne sont à Calais que des déplacements forcés des personnes loin de la frontière vers des hébergements dans lesquels nous savons d’expérience que les personnes ne resteront pas. En prévenant les personnes 24h avant chaque expulsion, la proposition de l’Etat est de les contraindre à s’expulser elles-mêmes, avant qu’elles n’aient d’autres choix que de se réinstaller au même endroit.
Nous maintenons que la seule solution concrète pour empêcher les traitements inhumains et dégradants est l’arrêt des expulsions. Ceci permettrait un premier pas vers un retour à la légalité et la dignité et rendrait caduques les politiques de déplacement forcé. Cela fait 5 ans que cette politique « zéro point de fixation » est à l’œuvre à Calais, 5 ans que l’on voit les blessures que cette politique inflige aux corps et aux esprits des personnes exilées, 5 ans que, malgré cette politique, ces personnes sont à Calais.
Nous, associations et grévistes de la faim, ne souhaitons pas que les personnes vivent dans les conditions indignes d’un campement et n’avons de cesse de demander une vraie politique d’accueil. La fin du harcèlement quotidien, et donc la fin des expulsions, est une condition indispensable pour permettre aux personnes de réfléchir sereinement à leur projet.
Pourtant, le médiateur n’a fait aucun pas vers les grévistes. La discussion doit donc continuer avec ceux qui peuvent faire bouger les lignes. Monsieur le Président de la République, n’y a-t-il personne avec suffisamment de courage politique pour décider d’une pause de cinq mois dans les violations quotidiennes des droits fondamentaux dans notre pays ?"
Texte : Ga Desliens
Pendant ce temps au matin, je les croise, lui et des enfants.
On partage. Ils sont fatigués. Pensent tenter la traversée ce sOir.
On partage. Ils sont fatigués. Pensent tenter la traversée ce sOir.
Pourquoi ? Parce que l'on est incapable de les accueillir.
...