La question, je me la suis posée fort.
Faut il ou non publier les photographies des gens, des migrants, que j'ai rencontrés ce matin à Calais ?
J'ai pris le temps de discuter avec ceux, oui ceux dont j'ai saisi l'image dans un premier temps à la volée.
Y., S., D....
Plus que des migrants, ce sont des gens qui ont quitté leur pays, lui ingénieur, lui qui tente de rejoindre sa soeur en Angleterre, lui ophtalmologue, lui fatigué.
J'ai pris le temps de me dire aussi que rendre visible leur présence, leur peur, leur sourire, leur fatigue, c'était permettre l'altérité.
La question reste sensible.
https://journals.openedition.org/terrain/16129
Ce matin, entre les descentes de la police, la boue, la pluie.
Quelques photos de ceux que j'ai rencontrés.
Sont ils moins anonymes en étant présent ici, pour eux, une mémoire de ce moment de vie rude là.
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Il y a leurs récits de départ, de tentatives en tentatives (qui se retrouvera en Russie ?) leurs récits de familles, leurs questions nombreuses, leurs liens avec le téléphone, seul lien avec ici et là.
Et puis il y a le départ vers la journée, énième...
Le supermarché à côté, l'insouciance à côté, la vie qu'on espère devant soi.
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