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C'est toujours un regard qui permet le geste photographique. Le sien rieur cache une colère.
Reflet fauves dans ses yeux, des griffures.
Je me pose un peu. Il parle français. Il vient du Tchad.
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"Ici on vit comme des rats. Ce n'est pas possible. Avant je portais le costume"
Coeur brisé, parole comme des coups de poings
ça crie, dedans.
Issa NGare est épuisé.
Epuisé par la situation, être là, tenter d'obtenir "ce que de droit"
Arrivé en France il y a 3 ans, il cherche obstinément à obtenir l'asile politique
Et cela lui est refusé, refusé, refusé.
Il tend à qui veut son histoire.
Pour être entendu. Enfin.
C'est une voix ou son effacement.
C'est qu'en 2016, dans son pays, le Tchad, il s'oppose à la dictature en place.
Il est membre actif et déclaré de la Convention Tchadienne de Défense des Droits de l'Homme
Les manifestations sont sévèrement réprimées.
La violence comme un chaos, ça te traverse.
"J'ai pensé qu'ils allaient m'arracher les organes."
Une balle dans la jambe puis dans l'autre
et c'est l'hôpital puis la prison.
Il court sous l'orage, se sauve, parvient à rejoindre la France.
Mais les réfugiés du Tchad ne sont pas des exilés politiques.
Pourtant s'ils retournent dans son pays.
Il sait ce qui l'attend.
En France, il pleut des ronces.
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Plus tard, je le retrouve, inquiet.
On l'emmène à l'accueil de jour du Secours Catholique.
En route, il me clame en slam sa colère.
Bientôt, je le retrouverai pour enregistrer sa VOIX.
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