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Sais-tu ? Sais-tu toi qu'ici à Calais, avant hier, un jeune soudanais d'une vingtaine d'année est mort. Pulvérisé sur la voie ferrée, par un train.
Il est mort parce qu'il vivait depuis des mois dans une tente à quelques mètres seulement de cette voie ferrée.
Et il vivait là pour se cacher de la police qui presque chaque jour, détruit son maigre camps d'infortune.
Alors on sait à qui la faute.
Et les militants calaisiens le hurlent sans cesser et sans cesser on ne les entend pas.
Alors ils pleurent.
Ils pleurent à chaud bouillon leurs amis, leurs compagnons de route.
Ils pleurent ensemble sur une place publique et ils témoignent.
Mais dans leurs pleurs, il y a découragement, dignité, colère, abattement et sentiment d'injustice.
Et tout ça, ça dépose dans leur coeur brisé, un grand sac de larmes,
bien trop lourd à porter, bien trop lourd.
Et c'est pour ça, qu'ensemble, ils se rassemblent
juste pour noyer leur colère dans la force des adieux
juste pour ne pas HURLER
juste pour continuer à AVANCER
juste parce qu'il ne faut RIEN LACHER
du combat contre ce qui, en France,
devra un jour, être qualifié
de crime d'Etat.
J'ai vécu ce soir mon premier temps de commémoration.
Dois je dire que 348 personnes exilés sont mortes ici à Calais ?
Et que les militants vivent chaque jour
entre grands sanglots et grands sourires.
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