Nous sommes au bord de la nuit à Paris, place de l'Hôtel de ville.
Elise, Priscaline, Emma, Clemence...sont mobilisées pour aider une centaine de réfugiés.
Les conseiller, les orienter et leur trouver pour la nuit, une tente, une couverture et un endroit (?) où dormir.
Elles sont bénévoles à Utopia 56 et elles sont attentives, souriantes, aidantes.
Elles appellent le 115, appellent les avocats, appellent les structures d'accueil.
Eux, ils viennent de Côte d'Ivoire et sont partis voilà quelques mois car dans leurs pays ils se sentaient en danger.
William (comme le prince me dit-il), Jean, Yaya, Thomas et les autres, parce qu'il n'y a aucune autre solution, vont dormir dans le camps de fortune d'Ivry. Et parce que les dossiers de ces jeunes réfugiés ont été rejetés par France Terre d'Asile qui ne les reconnaît pas comme mineur, il n'y a pas de place pour eux en hébergement d'urgence.
Elles, ce sont des familles, des femmes isolées avec des enfants.
Elles sont en France depuis quelques temps et on ne leur a pas encore accordé le statut de réfugiés.
Oui encore ici, une goutte d'eau dans l'océan.
Mais face à l'inaction des pouvoirs publics, face à la politique de non accueil, chacun des gestes a une valeur IMMENSE.
* Frères Migrants. Patrick Chamoiseau
Article d'info-migrants : 200 mineurs isolés vivent sous un pont en banlieue de Paris
Quelques autres photos ici, click ci dessous :
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Je suis resté à Paris quelques jours et j'ai découvert le drame ici aussi.
Je repars at home in Loire tout à l'heure.
Il me reste à vous parler de Nawa, d'Avachi et de Rubanice.
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"Le monde et ses misères sont des régions de nous.
Faire pays de ce monde, richesse de ces misères, ce sont le nôtres.
Faire courage de ces peurs, ce sont les nôtres.
Faire rencontre des fuites et des terreurs, ce sont les nôtres.
Faire minaret de l’Asile, cathédrale du Refuge, temple de la Bienveillance, ce sont nos dignités.
Appliquer cette étendue à notre propre abondance, quelle qu’elle soit, quoi qu’elle craigne, voilà notre plus beau défi.
Refuser de contempler ce qui vient du haut d’un trône sécuritaire, ou depuis les retranchements d’un ilet au trésor, c’est ici notre gloire.
Organiser en pleine humanité nos irruptions dans l’irruption du monde, c’est notre humilité.
Tout déverrouiller en soi pour mieux ouvrir en nous le sanctuaire de l’humain, c’est notre liberté.
Négocier ainsi la crête d’une aventure, déjà vécue par tous, dont gardent mémoire les cheminements de notre conscience, c’est notre manière de demeurer vivants."
Frères migrants. Patrick Chamoiseau