"Je m'appelle Afhin Gholami. Je viens d'Iran, d'une ville dans la province de Kermansha.
Je suis journaliste et je pourrais ne pas être là.
On m'a déclaré disparu. A cette heure, j'aurai pu être en prison ou condamné à mort.
Mes prises de position dans le journal que je dirige, mon engagement m'ont exposé car actuellement la répression est massive.
Ce sont surtout les femmes qui sont admirables, avec leur force pour mener leur vie comme elles veulent, même s'il faut braver les interdits.
En novembre dernier, ma famille a été menacée, mes parents mise en joue par des armes.
Le lendemain, tu reçois un appel et tu sais qu'il faut partir.
Nous avons quitté l'Iran avec mon épouse en novembre dernier, elle est aussi mon interprète"
Sauvés dans la nuit en montagne à la frontière franco-italienne, par l'équipe de maraudeurs, Afhin et son épouse, restent quelques jours au refuge.
Je vois combien elle veille sur lui, veille à respecter sa parole malgré les barrières de la langue.
Ils vont demander l'asile dans un pays d'Europe, continuer à oeuvrer à distance pour entraider, soutenir le peuple iranien.
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"Il ne suffit pas de désobéir. Il est urgent, aussi, que la désobéissance - le refus, l'appel à l'insoumission - se transmette à autrui dans l'espace public. Se soulever ? D'abord soulever sa peur, sans doute. La jeter loin. Voire la jeter directement à la face de celui ou de ceux qui tirent pouvoir d'organiser nos peurs. La jeter au loin mais aussi, faire circuler ce geste là et lui donner par là, un sens politique"
Désirer, désobéir. Ce qui nous soulève. Georges Didi-Huberman.