...
"Depuis 2016, les cols du Briançonnais sont des nouveaux lieux de passage sur les routes migratoires.
Tous les jours, des femmes, des hommes et des enfants tentent de rejoindre la France dans l'espoir d'une vie meilleure.
Afin de leur porter secours, des bénévoles français patrouillent nuit et jour malgré la pression policière.
Depuis des mois, la police opère des traques dans la montagne et il arrive qu'elle refoule des exilés à la frontière, sur ordre de l'Etat.
Cette chasse à l'homme contraint les exilés à prendre toujours plus de risques. (...)
Aider ces personnes n'est pas un délit, c'est au contraire un devoir.
Chacun peut faire sa part.
Soyons solidaires, soyons tous maraudeurs"
https://tousmigrants.weebly.com/le-contexte-brianccedilonnais.html
...
...
Sarah Leonor fait le choix du tramage, loin surement de l'urgence politique et de la violence des engelures, des détresses du matin, des peurs à vif, de l'engagement des maraudeurs. Mais elle livre, par son film, une autre forme encore de témoignage, de réflexion sur le devenir, la présence sur un territoire d'un lieu de passage.
...
"Quels récits ont façonné les chemins du col de Montgenèvre et de la vallée de la Durance ? Le passage de la voie romaine, les troupeaux qui rejoignent leurs pâturages, les migrants venus d’Italie, Hannibal et ses éléphants peut-être. Le paysage se façonne et s’écrit par ceux qui sont passés là, tous ceux qui le traversent inscrivent leur passage. Peut-être que les personnes en exil se sont servi des chemins escarpés empruntés par les troupeaux, peut-être est-ce l’inverse. Quelles sont les histoires nouvelles de la vallée ? Aujourd’hui des personnes exilées cherchent la route pour Briançon en évitant les barrages de flics. La nuit, des hommes et des femmes viennent éclairer et baliser les sentiers pour les aider. Autrefois on jouait du cor pour signaler les chemins aux égarés. Sarah Leonor regroupe et recoupe les histoires, des histoires de versants, des histoires opposées, des histoires croisées. Des voix récitent les témoignages des personnes habitant la vallée et recouvrent les paysages abrupts. Ceux du jour ont des histoires plus gaies que ceux de la nuit. C’est que les frontières se passent de nuit, et que la frontière existe pour certains et plus vraiment pour d’autres. Mais sur les chemins, les histoires et les destins se croisent. Et ceux du jour trouvent parfois les corps de ceux de la nuit en haut des pistes de ski ou sur leurs routes. Par éclats, la montagne livre son récit. Le film de Sarah Leonor est un travail de lecture : lire le paysage pour qu’il nous laisse voir ceux qu’on ne voit pas, les vies obscures, non désirables, égarées, qui se cachent mais qui laissent leurs traces."
(Clémence Arrivé - Cinéma du réel)
...