Une école, une école désaffectée. Une école abandonnée, prête pour la destruction.
Des enfants obéissants, des enfants comme des oiseaux ont chanté ici, se sont amusés ici.
Dans le 16ème arrondissement de Paris, c'est chic.
Et puis d'autres enfants, un peu plus grands, mais plus loin eux,
de chez eux.
Eux viennent du Mali, de Guinée, de Côte d'Ivoire et de bien d'autres pays d'Afrique.
Et ils ont parcouru des milles, des cents.
Lui Djibrill, on a calculé avec lui, c'est 6300.
Faut bien commencer par planter le décor.
Eux, ils sont exilés, arrivés à Paris, voilà peu et par l'action de 4 associations,
ils dorment depuis deux semaines,
oui ouf à l'abri.
Dehors pour eux, depuis des mois
des ponts, le froid, la police, la traque.
Alors ici déjà, un toit, des murs.
Pas d'eau courante, ni d'électricité.
Pour ça, on reviendra.
Alors on se débrouille.
Ici, c'est un moment de répit.
Mais aussi une manière de mettre la pression sur les pouvoirs publics
Pour espérer d'autres conditions de vie pour chacun de ces jeunes.
En attendant, il y a les uns les autres,
bénévoles, militants, voisins, copains.
médecin sans frontière, et les Midi du Mie.
Utopia 56 et la Timmy.
Puisque dehors la foule est silencieuse
Ici, on se parle.
Car vivent ici des êtres, des êtres
que les flots n'ont pas brisés.
Et puisque les visages n'ont pas disparu
On touche des yeux, du bout des yeux.
La lumière elle, a compris
Et offre une part belle à chacun.
Ce que je vois ici moi, c'est le multi
multiracial, multisectoriel, multinational, multilingue,
multi sourire, multi attention, multi espoir.
Et je marche.
Je marche au milieu des décombres et des renaissances.
Je marche dans leur attente.
Je marche au milieu de leur humilité silencieuse, au milieu de leur joie microscopique.
...
Et je découvre une fois encore ce que veut dire s'arracher à son pays,
Et je découvre encore une fois qu'il est possible de témoigner non pas de la détresse et de la misère,
mais du courage et de la puissance d'agir, de la richesse et de l'inventivité de ceux qui vivent dans des espaces de relégation.
...
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...
"Mary, je te demande de te souvenir de cet endroit sombre, ancien et divin enfoui au plus profond de toi qui te permet de parler. Outsiders, nous devons nous soutenir les unes aux autres pour résister et nous réunir, et pour faire face aux besoins d'une vie en marge. Cependant, pour nous rassembler, nous devons nous connaître les unes les autres. "
Audre Lorde.
...
Car il s'agit bien de défendre un territoire, se défendre des oppressions.
...
à Suivre.
Djibrill. Le choix d'une vie dans cette vie.