...
Monique m'interpelle : "Tu viens d'où, de quel pays ?"
C'est la fin d'après-midi et elle a rencontré nombre de réfugiés.
Elle a pris le temps de leur demander de ne pas bouger,
de donner leur prénom et d'en dire davantage s'il le souhaite, mais pas forcément.
"j'ai toujours dessiné moi, alors si je peux leur offrir ça, je le fais"
Il y a des sacerdoces et c'est le sien.
Faire mémoire de leur passage ici, faire mémoire de leur visage.
Nous sommes à l'accueil de jour de Calais.
Moment de répit, de pause pour les exilés, moment pour partager aussi,
Sentir la main tendue, l'accueil oui un peu enfin.
C'est un séjour rapide pour moi cette fois à Calais, à Grande Synthe,
dans les campements, les lieux d'accueil.
Le temps de transmettre, le temps de retourner sur mes pas.
Pas une immersion, juste un léger passage.
Une connexion avec le collectif anti-Centre de rétention.
C'est pas simple pour moi de ne pas m'engager davantage cette fois.
Une retenue, un moment charnière.
Je fais peu de photos au final,
j'écoute, je me pose avec les uns les autres.
Ainsi, il y a...
Abdel, 18 ans qui me raconte combien dans son lycée en Normandie, il se sent rejeté et la langue française qui le pèse, l'Angleterre comme une issue.
Moussa, qui vient de Côte d'Ivoire, et qui a 23 ans et après 3 ans de recours pour demande d'asile refusé, se dit que l'Angleterre peut -être ce sera plus simple, et puis une semaine plus tard, ressentant la complexité, décide de retourner à Paris...et voir.
et puis C. qui découvre les lieux, les associations, l'ambiance particulière policière ici à Calais.
Ici pourtant, la lutte continue.