“Dans la nuit quand tu pars, tu enfiles une armure car tu ne sais pas ce que tu vas vivre. Les habits chauds tu te les mets comme une protection contre le pire”
Samedi 27 janvier, j’ai fait ma première maraude sur le littoral avec Brigitte et Sophie d’Osmose 62.
Olivier coordonne les actions du matin, nous sommes à la gare de Boulogne sur mer, il nous dit : “vous trois, c’est la team Sud".
Dans le véhicule de Brigitte, pendant des heures, au bord de la nuit, on est allé de plage en plage. Le Portel, Equihen, Sainte Cécile, Danes.
Température au sol : -2°.
Dans la pliure des dunes, à l’orée des bois, face à des horizons immenses, à chaque arrêt, elles scrutent, un point, une ombre, une lumière, quelque chose qui témoignerait d’une présence humaine.
A chaque fois, le même rituel, la même attention. S’arrêter, écouter, regarder pour être sûr qu’il n’y ait pas un groupe d'exilés en détresse. Laissés seuls, trempés sur la plage. Parce que les bateaux clandestins sont souvent trop chargés et qu’ils échouent aux premières vagues. Quand ce ne sont pas les forces de l’ordre qui empêchent le passage.
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Ce matin, c'est plutôt calme.
Quelques buggy partent au loin, un hélicoptère tourne et retourne dans le ciel noir.
Des policiers nous saluent. Chacun regardant l'autre un peu étrangement.
Mais le jour se lève déjà
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A Wimereux, vers 10H00 on croise à la gare un groupe d’une quinzaine de personnes qui reviennent, hagard, du front de mer.. Après une nuit caché dans les dunes, leur passeur a “choisi” ceux qui allaient monter dans le bateau. Manifestement, pas eux. Le coup est rude. Les visages sont défaits. Brigitte s’active, sort les sacs de nourriture, le thé chaud bien sucré. Sophie tient informé les autres maraudeurs. Catherine nous rejoint et l’émotion de la rencontre la bouleverse.
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Juste avant de partir, un homme venu d’Iran me dit : “c’est absolument dramatique et en même temps tout à fait grotesque”. Il me parle de son travail d’écrivain en Iran et comment les Mollah l’ont menacé de mort. Un autre blessé au dos, me demande de le soigner.
Mais déjà le train arrive, on se regarde. Des paroles d’encouragements, quelques signes de main, des visages illuminés et tristes à la fois. Brigitte et Sophie replient les affaires, le lait, le miel, un peu de pain, des fruits.
Nous repartons vers Boulogne. Il est 11H00.
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Retrouvez l'intégralité des photographies en cliquant ci dessous :
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Bientôt, le documentaire sonore de cette grande embardée.
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"j'aime large
j'aime les gens comme on aime un tableau
sans couloir rien y retoucher"
Merci à l'équipe d'Osmose 62 pour leur accueil.
On vit des moments rares, un bel espace ouvert sur la vie.
Nous sommes sur le chemin, les oiseaux aussi.