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Je te croise depuis mon arrivée ici, sur le campement.
Hier, de ta poche, tu me sors un bout de papier plastifié : "droit pour douche".
13 jours sans se laver, tu ne soulèves plus ton bonnet, ton corps est un poids de saleté me dis tu, irrité, en parlant de ce qui se passe ici.
La Croix rouge emmène chaque jour quelques personnes exilées, ainsi fait, vers un espace pour se doucher.
Tu sais qu'il faudra une fois de plus, jouer serrer. Mais d'abord tu te prépares.
Je t'observe. Tu me dis que ça te gêne. Quelques photos pas plus.
Oh comme je comprends.
On a parlé de ça, des photos, du regard, de ce qu'on peut montrer et ce qui doit rester pour soi.
Plus tard, je te vois courir pour être le premier dans la file.
Et grimper avec hâte dans le fourgon.
C'est ton jour.