...
Sur la jungle de Grande-Synthe, parfois on se regarde, sans rien se dire.
Mais ça dit autre chose et autrement.
(...)
Un coin est installé, une esplanade pour cheveux et barbes.
Les uns les autres, se coupent, rasent, se recréent des têtes.
(...)
Je cherche depuis quelques jours, sans chercher,
comment dans l'exil le corps prend corps d'une nouvelle manière.
Dans cette situation d'exil et d'attente, comment dans le froid, dans le vent, les corps sont transformés, les déchirures, les charges,
les sourires comme rempart et les regards.
Je ne veux pas étudier ça, je veux le vivre
avec eux.
(...)
Une vie entière passée en murmures
En une infinité de légers soubresauts
En peu de paroles en moindres gestes
Au milieu de hordes criardes et déchaînées
Une vie repliée sur quelques visages aimés
Sur une paupière qui bat et se ferment à minuit
Comme une persienne de bois usée
Une vie lente aux roues brisées.
Roland Giguère