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Il y a sur le camps, la jungle de Grande-Synthe la présence nécessaire de HELP4DUNKERQUE, leur camion café, thé, soin du corps et le portable à recharger, le bois quand il y en a, des fringues dés que possible, friperie party.
Il y a cette homonymie qui sonne pour moi à chaque fois, grande sainte.
Il y a des gens qui s'engagent, à corps perdus, à travers quelques gestes forts ou tendres.
Il y a sur le camps, de la boue et des enfants qui jouent, attendent, cherchent ici là, de quoi occuper le temps, tellement long.
Marcher ici et regarder les gens, déposer des fruits offerts par l'association Osmose,
rester éveiller, alerte, débuter une histoire nouvelle avec chaque personne rencontrée
regarder le feu, lever la tête vers la forêt dégarnie.
Chercher dans la boue, quelques choses qui dirait une forme de résistance,
un partage, un geste, une histoire et même si elle n'a de merveilleuse que le nom,
résonne un peu autrement. Le propre du merveilleux est de surgir quand on s’y attend le moins.
Mais il faut le vouloir. C’est peut-être notre dernière chance, mais elle est immense.
Aujourd'hui, quelqu'un m'a dit : tout ceci est impensable.
Je crois en réalité que c'est tout à fait pensable tout ça, tout à fait compréhensible, tout à fait exécrable, tout à fait corrigible.
Les mots de Badiou disent ça : Il faut parvenir à penser ce qui arrive.
Partons d’un principe : rien de ce que font les hommes n’est inintelligible. Dire : « je ne comprends pas », « je ne comprendrai jamais », « je ne peux pas comprendre », c’est toujours une défaite.
On ne doit rien laisser dans le registre de l’impensable.
C’est la vocation de la pensée, si l’on veut pouvoir, entre autres choses, s’opposer à ce qu’on déclare impensable, que de le penser. Bien entendu, il y a des conduites absolument irrationnelles, criminelles, pathologiques, mais tout cela constitue pour la pensée des objets comme les autres, qui ne laissent pas la pensée dans l’abandon ou dans l’incapacité d’en prendre la mesure. La déclaration de l’impensable c’est toujours une défaite de la pensée, et la défaite de la pensée c’est toujours la victoire précisément des comportements irrationnels, et criminels.