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Depuis quelques années, je témoigne de l'action de l'association Salam.
A Calais, Yolaine porte à bout de bras une équipe d'une trentaine de bénévoles.
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Ce matin, c'est jeudi et l'orage pendant la nuit a mis à mal ceux qui vivent dehors.
Les pulls sont mouillés et les mines défaites. Les enfants ont froid, tout le monde est transi.
La ville sort de sa gangue.
Ce matin, c'est jeudi et je rencontre une autre équipe de Salam, des présences aguerries, volontaires, soudées.
Ce matin, il faut réagir fort car les corps sont spongieux, les pieds endoloris, les mines défaites.
Il y a de l'épuisement. Les tentatives de passages pour l'Angleterre minent en profondeur et les corps et le moral
On croise ici un jeune garçon turc aveugle qui grelotte. Ici ce sont deux hommes, un jeune afghan informaticien dans son pays et son ami syrien, père de famille. Ils ont marché pendant une heure trente pour venir dans cette zone industrielle à l'autre bout de la ville, récupérer un peu de pain, quelques fruits. Dans leur campement du côté de Coquelle, des femmes, des bébés, des enfants. Je les raccompagne et appelle le Women Center.
Ce matin c'est jeudi et l'insaisissable, ce sont ces regards que je découvre pour la première fois, implorant.