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"Il fait nuit, il fait grand nuit sur le monde et la frêle protestation du poème n'y peut pas grand-chose.
Mais nous continuerons. il y a des maternités dans les pays en guerre : il y a donc eu de l'amour quelque part.
Chaque poème est une naissance. C'est une naissance inutile mais l'utile toujours couche les hommes dans la boue"
Jean Pierre Siméon.
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à Calais, chacun fait ce qu'il peut.
des hommes, des femmes, des enfants en exil cherchent des abris
un bout de toile tendu entre deux piquets, une tente, un hangar
depuis le printemps, il y avait ce lieu, où s'entassait une centaine de tentes
un hangar, un grand garage pour ceux qui doivent se contenter, forcer contraint de si peu
les uns contre les autres, au milieu des gravats
faire vie, faire front, manger, dormir, se raser, se raconter, se disputer, se battre.
Et puis le feu, le feu qui prend, qui s'étend,
Chacun le savait que ça ne pouvait que finir
dans le feu, dans la cendre.
C'est dans la nuit de mardi à mercredi, que l'embrasement habille d'ombre les solives de fer.
Et ce n'est même pas une déflagration, juste un événement, un fait.
Jeudi, des hommes sont venus.
Ils ont, à grands coups de balaie, de container, tenter de nettoyer un lieu
qui gardera trace, je le sais, de ces vies humiliées.