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Douze personnes sont mortes. Parmi elles, dix femmes.
Mortes noyées. Une embarcation qui se disloquent.
Des personnes sur la route de l'exil, vers l'Angleterre.
Dix femmes mortes, et maintenant
des maris-veufs, des enfants-orphelins, des parents-défaits et des frères et soeurs, des amis inconsolables.
Dix femmes, leurs visages, leurs mains, leurs espoirs d'une autre vie : ce qui n'est plus.
Elles ont fui l'Érythrée. Elles sont mortes dans la Manche.
Hier, j'ai croisé le frère d'une de ces femmes.
Hier, j'ai croisé la détresse.
Hier, des habitants de Boulogne sur mer
avec des craies de couleurs ont dessiné des coeurs
et sur les quais, ont allumé des feux pour faire mémoire.
Ce qui est petit est, pour de vrai
immense.
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" Ce monde est sale de bêtise, d'injustice et de violence ; à mon avis, le poète ne doit pas répondre par une salve de rêves ou un enchantement de langue.
Il n'y a pas à oublier, fuir ou se divertir. Il faut être avec ceux qui se taisent ou qui sont réduits au silence.
J'écris donc à partir de ce qui reste vivant dans la défaite et le futur comme fermé.
S'il n'est pas facile d'écrire sans illusion, il serait encore moins simple de cesser et supporter en silence. "
Antoine Emaz