





Rendre la vie impossible pour les personnes en exil. Leur rendre la vie plus dure encore.
Les empêcher de se poser, de se mettre à l’abri, de se créer un simple abri.
C’est ça le choix de la mairie de Calais.
La mairie de Calais qui ne veut pas de campements dans sa ville et qui fait tout ce qu’il faut, aider par la préfecture, aider par l’Etat. Qui fait tout et n’importe quoi surtout.
Justifiant du besoin de « salubrité »
Depuis la mi septembre, des centaines de tonnes de rochers recouvrent un peu plus encore, les dernières surfaces d’herbes du centre ville.
Entre les quais du Danube et de la Meuse, tout est pierre rocher cailloux.
Et les exilés eux, trouvent tant bien que mal, entre les rochers, quelques maigres espaces pour loger une tente, une bâche pour s’asseoir, et installer un feu pour se réchauffer un peu.
Un jeune homme m’interpelle à la volée : « tu trouves pas que l’on se croit sur la Lune, et ce matin fait aussi froid que là haut », et un autre de me dire : « on a bien compris que vous vouliez pas de nous ».
Le groupe de syriens présent depuis quelques semaines ici, est fatigué, lassé, éreinté par les tentatives de passage et par la dureté de la vie quotidienne.
Je me pose avec le petit groupe, installé là. Il m’offre le café. On échange sur l’espace qui leur est laissé, sur leur condition de « non vie » « Passe donc seulement trois nuits ici et tu verras. Le pire, c’est de sentir la police qui rode et au petit matin, qui te demande de dégager : dégage, dégage ». On regarde ensemble sur internet, ces histoires de pierres anti migrant.
A côté des barbelés, des grillages, faut dire que ’’empierrement des espaces n’est pas nouveau. Porte de la Chapelle en février 2017, la mairie de Paris avait installé quelques milliers de tonne sous les ponts. Très vite, des militants tailleurs de pierre étaient venus pour tenter de les déplacer.
Pour les jeux olympiques Paris 2024, sur les quais de Seine, revers de la médaille, la technique du rocher est également pratiqué, et bien comme il faut, pour empêcher et personnes en exil et personnes sans abri de poser leur tente. En 2017, une plateforme Soyons Humains, dénonce ces dispositifs et attribue Un pic d’or aux villes les plus inventives en matière de chasse aux sans abris.
Cactus, pics, plots, répulsifs.
Il y a bien évidemment quelques choses de profondément violent dans ces gestes. « Tu vois c’est comme avec des animaux » Victor, réalisateur du film Entre les Frontières me rejoint et il se pose avec nous.
On essaye de répondre aux demandes nombreuses : « Tu sais pas où on peut prendre une douche chaude ? », « Ma main me fait mal, j’aurai besoin que l’on me change mon pansement », « Ce survêtement est fort léger, t’aurai pas un pantalon un peu chaud, j’ai tellement froid»
Malgré la mobilisation immense des associations, le quotidien de ces personnes est rude.
Et d’autant plus rudes, qu’elles sont pour la plupart, des rescapés de naufrages. Ils sont tombés en mer, ont manqué de se noyer, ont été ramenés sur terre, et sont à nouveau à vivre sous tente dehors.
Je répète. Ils sont tombés en mer, ont manqué de se noyer, ont été ramenés sur terre, et sont à nouveau à vivre sous tente dehors. Un père et son fils nous raconte son histoire et nous demande de diffuser ça.
« Vous direz au monde ce qu’un homme syrien est obligé de faire vivre à son fils ? »
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