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J'ai marché aujourd'hui pendant des heures dans le gras de la pluie de Calais,
croisant par moment des personnes sur la route de l'exil et comme coincés, hagardes, dans cet hiver du Nord.
Je suis retourné sur mes pas, j'ai frissonné avec eux le temps d'un thé, d'un feu, d'une accolade.
Mais pas envie, pas envie de saisir ces moment là, ni rien d'ailleurs, leurs visages fatiguées, éreintées m'assiègent.
Etre juste là
sans gêner ni aider.
Faisant l'état des lieux, ce sont les mots de Primo Levi qui tapent tapent tapent dans ma tête :
"Nous disons faim, nous disons fatigue, peur et douleur,
nous disons hiver, et en disant cela nous disons autre chose,
des choses que ne peuvent exprimer les mots libres,
créés par et pour des hommes libres qui vivent dans leurs maisons
et connaissent la joie et la peine.
Nos mots ne sont pas vos mots"