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Je continue mon travail d'étude photographique suite à mon immersion à l'école de photojournalisme reporter.
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Parce qu'ils aiment le skate, la bonne musique et s'amuser.
Parce que le lieu qu'ils ont crée existe depuis peu et qu'ils mettent à un, deux, trois, l'ardeur qu'il faut.
Ici tout est joie et apparition, jour que tout protège.
Merci à Olivier pour son accueil quand je prends le temps d'une matinée la clé des champs.
dehors il neige, ici ça sent bon les oignons frais et la friture class première.
D'autres images de ce moment vécu ici, click ci sur l'image ci dessous :
Rédigé à 16h55 | Lien permanent
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Travaux d'étude. EMI-Paris Jour 4.
Un quart d'heure de reportage.
Un quart d'heure de développement.
Un quart d'heure d'éditing.
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Trouver un angle, donner une intention.
Oser la couleur, en faire quelque chose.
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Louis a 26 ans. C'est son dernier jour sur ce poste.
Il vient de Normandie, est arrivé il y a 4 mois.
"La vie à Paris est oppressante"
Il positionne quelques bouteilles, défait quelques noeuds.
Premier jour du reste de sa vie.
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Rédigé à 18h30 | Lien permanent
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Je sors de 4 jours de formation en photo reportage à l'EMI-Paris.
Plus encore je pense pouvoir oser, oser encore, partir et marcher.
"C’est partir et marcher, en silence, en faisant le moins de bruit possible, le regard portant loin devant et en même temps vers ses pieds, à chaque pas le coup d’œil automatique vers la petite zone du sol où l’on va poser le prochain pas, l’autre pied que celui sur lequel on repose un instant et qu’on a pris soin de poser déjà dans le meilleur endroit, sans brindille sans branches sans feuilles mortes, ou le moins possible, ou alors c’est qu’il pleut ou a plu et que c’est mouillé et alors on sait que tout devient élastique, plastique, amortissant le poids du pied et du corps, même les feuilles mortes mouillées ne font plus ce bruit crissé pouvant alerter, même les brindilles ploient plutôt que rompent quand l’eau aide. Si le sol est sec, on cherchera toutes zones d’herbes, de mousses ou de terre, ou alors des pierres suffisamment grandes pour ne pas faire graviers et crisser à leur tour. Cependant si l’on n’a pas le choix l’on passera sur le sol rocheux, mais alors très doucement, pour le moins possible faire bouger les petits blocs durs et glissants, poser doucement talon pointe talon pointe."
Rédigé à 18h09 | Lien permanent
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"J'éprouve une peine infinie pour chaque être de passage
j'éprouve une gaité infinie pour tous les êtres
qui meurent et naissent sans mesure sans limite
sans point fixe sans demeure de famille
sans amarre sans quai sans dock
à peine certains ont ils pliés bagages
d'autres déjà sont dans leurs langes
l'inquiétude pour eux me serre la gorge
pourtant la confiance m'étouffe presque"
Passants. extrait de Stations de chemin.
Daniel Biga
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à la manifestation contre les Mega Bassines, un grand éclat de vie, au coeur de la densité,
difficile de dessiner des contours, des talismans.
c'est comme si j'étais au coeur des cellules, avant les premiers mondes
au coeur des densités, des apparitions
presque sonore.
Je sais maintenant qui je suis
une apparition.
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Rédigé à 08h43 | Lien permanent
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MANIFESTATION CONTRE LES MEGA BASSINES.
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"l'humain est un pur produit
de l'artisanat local, fabriqué à la main
selon des recettes ancestrales.
Pas deux pareils, pas un seul
qui soit parfait, et fragiles avec ça,
dit-il, si on les vendait,
il n'y aurait pas un chat pour les acheter.
Et la femme rit, elle dit que ça ne fait rien,
que ce sont les histoires entre eux
qui sont belles,
que c'est à ne pas en croire ses yeux
ce qu'ils s'inventent parfois
pour continuer à s'aimer"
Artisanat local. Francis Dannemark
Rédigé à 08h34 | Lien permanent
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On dit que c'est en marge de la manifestation et c'est vrai.
C'est le ronronnement profond du sOleil, l'envie d'en découdre mais sans forcer, s'opposer, faire front.
Ils jurent leur chair vers la lune et crient que l'Ordre fait désordre et se cachent forcément car ils viennent bousculer
ce qui est établi, venant vérifier dans quel sens le vent souffle, la boussole, ce qui tient, ou pas, ce qui fait barrage.
Ils viennent assoiffés par la vie et s'ils pouvaient ils porteraient la robe hawaïenne mais face au canon des fusils d'en face
ils préfèrent se couvrir et courir et crier et veiller pour dire :
nous sommes là.
Je le pense : ce monde est bon pour les intrépides.
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Manifestation contre les MEGABASSINES (1)
Aller taquiner l'ordre.
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CLICK SUR L'image pour découvrir d'autres photos :
Rédigé à 00h06 | Lien permanent
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Je les retrouve par intermittence, il se passe un an ou deux, plus parfois.
Mais je retrouve à chaque fois, leur joie, leur complicité.
Site de SEGUIDO : https://www.seguido.fr
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Dernière session, extrait photographique ici : click sur la phOtO.
Rédigé à 12h23 | Lien permanent
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Camps de Grande Synthe. 8 mars 2022.
Ils sont arrivés au matin après quatre mois sur route, sur terre, mer forêt.
Ils viennent d'Iran, ont traversé la Méditerranée, puis toute l'Europe par l'Est.
Pieds, camion, train, cachés souvent, apeurés tout le temps.
5736 kilomètres
Destination : l'Angleterre.
"Ici, en France, cet endroit, c'est terrible".
Des maux de ventre depuis hier et la boue tout autour.
82,40 km c'est la distance qui leur reste à parcourir.
Je n'ai pas eu de nouvelles d'eux depuis.
Ici, c'est une autre guerre
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Une autre famille m'adresse ce jour de leurs nouvelles, depuis Londres.
(Coucou Manile, bébé girafe)
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Rédigé à 06h53 | Lien permanent
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Ici en France, des réfugiés sèchent leur pantalon avec des feux de fortune
Ici en France, il fait froid la nuit et il n'y a pas d'eau.
Ici en France, des réfugiés ne trouvent pas refuge.
On ne veut pas de camps humanitaires dans le Nord de la France
On veut qu'ils disparaissent.
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Hier, Damien Carême colère adressait une lettre à Emmanuel Macron :
Rédigé à 16h58 | Lien permanent
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Je suis parti du Nord, voilà un mois.
Je pars de là haut, en passant par le camp de Grande Synthe, finissant toujours par ce qui me m'éprouve le plus
Le dénuement le plus massif, la violence d'Etat la plus marquée, la volonté de criminaliser la solidarité, et les enfants.
Il m'a fallu tout ce temps pour retourner voir ces visages.
Une après-midi avec eux.
A jouer, rire, à ouvrir les mains.
A devenir un peu familier d'eux.
Avant de les laisser aller, vers...
leur traversée.
Alors oui partout dans le monde des murs se construisent, la violence fait rage.
Mais partout dans le monde des mains se tendent.
L'association HELP4DUNKERQUE, cet après midi là offrait à ces enfants
quelques heures d'insouciance.
Rédigé à 16h48 | Lien permanent
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C'est samedi. C'est samedi et certains exilés bloqués à Calais savent que des habitants offrent bénévolement, le temps d'un week-end, gîte et couvert.
Les personnes exilées savent aussi que les places disponibles ne permettent pas de satisfaire chacun.
Chacun dans son besoin se cesser de vivre dehors, au froid, dans le plus grand des dénuements.
Le collectif qui propose ces hébergements s'appelle MIGRACTION, il a été crée par Sophie Djigo.
Il est une réponse face à la carence de l'Etat, à la violence de l'Etat refusant de proposer des lieux hébergements décents à Calais.
J'ai vu ce matin là, des centaines de personnes exilés dans cet espoir de "mise à l'abri"
et j'ai vu aussi et surtout toute la bienveillance attentive des organisateurs et des chauffeurs
pour expliquer, rassurer, entendre chacun dans sa détresse
de ne pas pouvoir ce week-end être au chaud dans une maison.
(bravo à Simon pour le brief en anglais)
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Une considération de l'autre est à l'oeuvre ici.
Car Migraction ne se tient pas à l'écart.
Il va à la rencontre, et permet la rencontre.
Il accueille l'espoir et le chagrin chaque samedi matin et
permet un peu plus à chacun de tenir debout
parce que cette lutte pour davantage d'humanité, elle est menée ensemble.
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Pour découvrir un temps de week-end migraction :
https://laurentprum.typepad.com/mon-blog/2022/01/quelque-chose-en-nous.html
Rédigé à 19h43 | Lien permanent
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Calais, le 4 mars, dans l'après midi.
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Il faut raconter.
Voilà quelques jours un jeune garçon de 26 ans est mort là, pas loin, sur la voie ferrée.
Et aujourd'hui avec des pelleteuses, ils ont retourné pendant des heures toute la parcelle, brise lame de terre, obligeant les exilés pour rejoindre leurs tentes, à passer par... la voie ferrée.
(Et ils sont là, je le rappelle, parce qu'ils n'ont pas d'endroits à Calais où aller.)
Et dans quelques jours avec la pluie, la boue viendra tout recouvrir, leur peau, leur tente et leur drap.
La vie comme du plomb, un bâillon
Et Anaïs me dit qu'ils font ça, à chaque fois, quand quelqu'un meurt ici.
Que pensent t'ils effacer ?
Les exilés sont là et le resteront et un jour, comme tous les autres,
ils passeront dans un pays où l'hospitalité ne rime pas avec son parfait contraire.
Rédigé à 08h29 | Lien permanent
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Certains te trouvent sévère.
Savent-ils ce que ça cache ?
Que tes nuits sont hantées par leurs pieds sans chaussure et leurs habits de guenille,
Que Frontex qui rode te hérisse poils et poing liés
Que chaque morceau de pain est un sourire que tu leur offres
à défaut de tout le reste.
Et que si les exilés te nomment mamie, c'est parce que
chaque journée pour toi est une journée de rudesse et de merveille.
La police n'en dit pas plus mais ils veulent voir.
Et même s'ils te condamnent à perpétuité,
toi depuis longtemps tu sais
que seule gratuité vaut perpétuité.
Rédigé à 08h10 | Lien permanent
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C'était : si clair
les yeux fatigués les laisser reposer
les noyer dans le sable peau de prunelle
à tâtons dans l'obscurité, ça brûle
avec toutes ces images que j'ai déjà vu glisser dans mon cerveau,
on avait oublier de m'expliquer Calais
mille guêpes mille piqûres
jeudi, jour relâche, je marche
présent au monde,
j'adresse ma prière à la tornade qui va.
Rédigé à 07h29 | Lien permanent
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Trois. Trois copains. Un qui sourit, un gêné et un qui parle.
Trois hommes partis d'Iran, voilà trois mois.
Traversée de l'Europe.
Rue des Huttes à Calais, celui qui parle vient me chercher.
C'est un ancien footballer professionnel. Mais changer de religion dans un pays à la religion d'Etat est dangereux.
Taper du ballon ne le sauvera pas. Alors oui se sauver à toute hâte.
Ils veulent que je les prenne en photos.
Ensuite, je les emmène en ville à leur point de rendez-vous.
Puis je me retire, main qui fait signe,
un "au revoir" de plus.
nous sommes tous, hommes projets
fragiles des paupières.
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Rédigé à 06h29 | Lien permanent
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Je me pose moi aussi dans cette maison, réquisitionnée pour mettre à l'abri les uns les autres.
On est Calais, il fait froid pour dormir dehors.
Des militants oeuvrent pour permettre le passage de la vie au dehors vers la vie en dedans.
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"La vérité, c'est que chaque drame de la migration en provenance des pays pauvres pose la question qui s'est posée jadis aux habitants de Roquebillière, lorsqu'ils ont offert l'asile à ma mère et à ses enfants : la question de la responsabilité.
Dans le monde contemporain, l'histoire ne répartit plus les populations entre factions guerrières. Elle met d'un côté ceux qui, par le hasard de leur situation géographique, par leur puissance économique acquise au long des siècles, par leur expériences, connaissent les bienfaits de la paix et de la prospérité. Et de l'autre, les peuples qui sont en manque de tout, mais surtout de démocratie.
La responsabilité, ce n'est pas une vague notion philosophique, c'est une réalité.
Car les situations que fuient ces déshérités, ce sont les nations riches qui les ont créées. Par la conquête violente des colonies, puis après l'indépendance, en soutenant les tyrannies, et enfin aux temps contemporains, en fomentant des guerres à outrances dans lesquelles la vie des uns ne vaut rien, quand la vie des autres est un précieux trésor.
Bombardements, frappes ciblées depuis le ciel, blocus économiques, tous les moyens ont été mis en oeuvre par les nations puissantes pour vaincre les ennemis qu'elles ont identifiées. Et qu'importe s'il y a des victimes collatérales, des erreurs de tirs, qu'importe si les frontières ont été tracées à coups de sabre par la colonisation sans tenir compte des réalités humaines.
La migration n'est pas, pour ceux qui l'entreprennent, une croisière en quête d'exotisme, ni même le leurre d'une vie de luxe dans nos banlieues de Paris ou de Californie. C'est une fuite de gens apeurés, harassés, en danger de mort dans leur propre pays.
Pouvons-nous les ignorer, détourner notre regard ?
Accepter qu'ils soient refoulés comme indésirables, comme si le malheur était un crime et la pauvreté une maladie ?
On entend souvent dire que ces situations sont inextricables, inévitables. que nous, les nantis, ne pouvons pas accueillir toute la misère du monde. Qu'il faut bien des frontières pour nous protéger, que nous sommes sous la menace d'une invasion, comme s'il s'agissait de hordes barbares montant à l’assaut de nos quartiers, de nos coffre-forts, de nos vierges.
Quand bien même nous ne garderions que l'argument sécuritaire, n'est-il pas évident que nos murs, nos barbelés, nos miradors sont des protections illusoires ?
Si nous ne pouvons accueillir celles et ceux qui en ont besoin, si nous ne pouvons accéder à leur demande par charité ou par humanisme, ne pouvons-nous au moins le faire par raison, comme le dit la grande Aïcha Ech Chenna qui vient en aide aux enfants abandonnés du Maroc : "Donnez, car si vous ne le faites pas, un jour ces enfants viendront vous demander des comptes".
L'histoire récente du monde nous met devant deux principes contradictoires mais non pas irréconciliables.
D'une part, l'espoir que nous avons de créer un jour un lieu commun à toute l’humanité. Un lieu où régnerait une constitution universelle et souvenons-nous que la première constitution affirmant l'égalité de tous les humains, fut écrite non pas en Grèce, ni dans la France des Lumières, mais en Afrique dans le Royaume du Mali d'avant la conquête.
Et d'autre part, la consolidation des barrières préventives contre guerres, épidémies et révolutions.
Entre ces deux extrêmes, la condition de migrants nous rappelle à une modestie plus réaliste. Elle nous remet en mémoire l'histoire déjà ancienne des conflits inégaux entre pays riche et pays sous équipé c'est le maréchal Mobutu qui, s'adressant aux Etats-Unis proposa une vraie échelle de valeur établie non pas sur le critère de la puissance économique ou militaire d'un pays mais sur sa capacité au partage des richesses et des services afin que soit banni le mot de "sous-développement" et qu'il soit remplacé par celui de "sous-équipement".
Nous nous sommes habitués progressivement, depuis les guerres d'indépendances, à ce que des centaines de milliers d'être humains, en Afrique, au Proche Orient, en Amérique latine, naissent, vivent et meurent dans des villes de toiles et de tôles, en marge des pays prospères. Aujourd’hui avec l’aggravation de ces conflits, et la sous-alimentation dans les pays déshérités, on découvre que ces gens ne peuvent plus être confinés. Qu'il traversent forêts, déserts et mers pour tenter d'échapper à leur fatalité.
Ils frappent à notre porte, ils demandent à être reçus.
Comment pouvons-nous les renvoyer à la mort ?
Dans son beau livre, le docteur Pietro Bartolo cite cette phrase de Martin Luther King, qui n'a jamais sonné aussi vraie : "Nous avons appris à voler comme des oiseaux et à nager comme des poissons, mais nous n'avons pas appris l'art tout simple de vivre ensemble comme des frères"
Le Clézio.5 octobre 2017
Rédigé à 08h16 | Lien permanent
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"Les catastrophes du monde sont d’autant plus exterminatrices qu’elles sont isolées, non connues, non durables dans le souvenir des peuples.
Les mémoires vivantes des collectivités humaines, qui souvent s’opposent, se renforceraient à se rapprocher, dans le champ éclaté du Tout-monde.
Il en est ainsi pour les mémoires des esclavages, quand elles sont ravivées par les descendants des esclaves : non seulement réveiller et préserver ce qui a été occulté ou obscurci de ces histoires, mais aussi préparer ce qui réunira et défendra les humanités, sur ces mêmes Plantations renouvelées.
Commémorer l’abolition de ces esclavages : ouvrir sur le monde, les servi-tudes modernes, les oppressions clandestines ou spectaculaires.
Commémorer l’abolition de ces esclavages : contribuer aux imaginaires des peuples du monde, des peuples dans le monde, qui déjà proposent une nou-velle conception de ce monde, par où on voit que les colonisations, les es-clavages, les famines, les immigrations ont les mêmes causes, qui ne sont pas de mécanicité économique, mais d’une férocité d’exploitation sans pareille.
Commémorer l’abolition de ces esclavages : constater que l’Europe organise l’exploitation des pays africains (agriculture, pêche, produits naturels) et la répression sans délai ni merci des immigrations qui en sont la conséquence."
Edouard GLISSANT. Les mémoires de la faim.
Cité par Sophie Djigo. Aux frontières de la démocratie.
De Calais à Londres, sur les traces des migrants.
Rédigé à 08h06 | Lien permanent
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Rédigé à 08h01 | Lien permanent
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Sais-tu ? Sais-tu toi qu'ici à Calais, avant hier, un jeune soudanais d'une vingtaine d'année est mort. Pulvérisé sur la voie ferrée, par un train.
Il est mort parce qu'il vivait depuis des mois dans une tente à quelques mètres seulement de cette voie ferrée.
Et il vivait là pour se cacher de la police qui presque chaque jour, détruit son maigre camps d'infortune.
Alors on sait à qui la faute.
Et les militants calaisiens le hurlent sans cesser et sans cesser on ne les entend pas.
Alors ils pleurent.
Ils pleurent à chaud bouillon leurs amis, leurs compagnons de route.
Ils pleurent ensemble sur une place publique et ils témoignent.
Mais dans leurs pleurs, il y a découragement, dignité, colère, abattement et sentiment d'injustice.
Et tout ça, ça dépose dans leur coeur brisé, un grand sac de larmes,
bien trop lourd à porter, bien trop lourd.
Et c'est pour ça, qu'ensemble, ils se rassemblent
juste pour noyer leur colère dans la force des adieux
juste pour ne pas HURLER
juste pour continuer à AVANCER
juste parce qu'il ne faut RIEN LACHER
du combat contre ce qui, en France,
devra un jour, être qualifié
de crime d'Etat.
J'ai vécu ce soir mon premier temps de commémoration.
Dois je dire que 348 personnes exilés sont mortes ici à Calais ?
Et que les militants vivent chaque jour
entre grands sanglots et grands sourires.
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Rédigé à 03h42 | Lien permanent
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Il s'agit d'un geste et puis d'un autre.
Car ce qui fait corps ici, c'est le mouvement.
Le mouvement adressé.
Celui de Sacha qui vient d'arriver aujourd'hui à Calais, et qui face au miroir leur propose :
remettre des couleurs.
J'assiste à un moment d'une grande simplicité et donc forcément un moment hors norme,
Nous sommes à Calais et ici tout s'entrechoque, le meilleur (l'aide, le militantisme, la présence aimante, la spontanéité altruiste) comme le pire (la violence et la brutalité policière et politique).
Nous sommes à Calais et le dénuement du geste s'oppose frontalement aux obstacles.
Car les exilés pour la plupart "ne se laisse pas aller", l'identité physique n'est pas fardeau.
Rester beau c'est rester debout.
Et si tout échappe, il restera peut-être cela.
Des cheveux joyeusement colorés, décolorés.
Rédigé à 03h13 | Lien permanent
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Quand j'arrive sur la Jungle, les policiers sont partis du site depuis un quart d'heure.
Et de nombreux exilés s'activent. Un peu lasses, usés, fatigués.
Comme à chaque fois, tout remettre en place. Refaire camp.
Il fait sOleil pourtant ce matin.
"Police are not good"
Les tentes ont été arrachées, quelques sièges jetés au feu, les affaires personnelles balancées dans la boue et piétinées.
"Non pas tuer, mais laisser mourir, voir faire mourir"
(Sophie Djigo. Aux Frontières de la démocratie)
Violence d'Etat.
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Lui, est là, me fait signe puis m'aide à le rejoindre.
"Depuis la dernière fois qu'on s'est vu, nombreux sont passés"
Dans sa voix, de la joie pour ceux là et un gouffre immense :
"moi je suis encore là" qui ne peut, lui être prononcé.
On prend un temps, il m'invite à m'asseoir.
Il est question d'attente, de camion bâché,
de moment déterminant et de détermination.
Il n'y a aucune plainte directe mais le constat est toujours vif :
"Ici, c'est l'enfer"
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Rédigé à 07h22 | Lien permanent
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Je le rencontre pour la première fois hier dans la "jungle Old Lidl".
Il est arrivé en France en Novembre.
Après quelques tentatives de passage en Angleterre, il finit par être emprisonné en Centre de Rétention Administratif. Celui du Nord de la France se situe à Coquelle.
Il me raconte.
"Là bas, tu es traité comme un animal et même pire qu'un animal. J'y suis resté deux mois et demi. Je suis revenu ici hier, il était temps"
Puis il continue sans baisser les yeux à m'expliquer.
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Une vingtaine d'associations dont la Cimade, Médecins du Monde et Amnesty International DENONCE DEPUIS DES ANNEES la "politique punitive" du gouvernement envers les étrangers détenus dans les centres de rétention administrative (CRA).
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Titre inspiré par un poème d'A.Gellé.
Rédigé à 06h31 | Lien permanent
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Je reprends aujourd'hui le chemin des photographies réalisées à Calais.
Après un moment personnel de sidération puis de résignation...
Je redécouvre certaines personnes. Je visionne la joie la tristesse la volonté.
Et prends à bras le corps ce qui doit l'être.
"Comment raconter l’histoire de celles et ceux que l’on s’est habitués à entendre désignés par ce terme creux de « migrants » ?
Peut-être en commençant par ne pas faire d’eux les objets d’un discours, précisément, mais choisir plutôt de se mettre à leur écoute.
Collecter les histoires, les retranscrire, les réécrire pour comprendre ce que les politiques d’immigration européennes font aux liens, aux familles, aux corps et aux esprits. Ce sont eux, ce sont elles, ces exilés."
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Rédigé à 21h34 | Lien permanent
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"Dans nos sociétés contemporaines, la déliquescence de la reconnaissance mutuelle témoigne d’une perte de sens qui délite les liens d’appartenance. Seule une praxis de la reconnaissance peut proposer une approche pour la guérison des maladies de la reconnaissance. Reconnaissance mutuelle (avec sa part de gratitude et d’estime), reconnaissance de soi-même (qui autorise de pouvoir se raconter et de pouvoir agir) et reconnaissance par identification (que la promesse du lien favorise), jalonnent ce parcours nous permettant d’avoir accès à la connaissance.
« Le reconnaître devient la condition nécessaire du connaître »
Ce voyage vers la cocréation d’appartenances communes exige l’élaboration de nos propres deuils.
C’est cette migration entre deux mondes qui nous est offerte et que nous devons oser.
Elle n’est plus guerrière, elle est souriante et « nous permet de participer à la coconstruction d’appartenances bariolées, […] bigarrées où le croisement des cultures et des époques sera le berceau d’une solidarité au-delà du langage, d’une société dont l’orchestre infini des musiciens du verbe créera la symphonie, d’un avenir où les hommes, devenus magiciens du sens, jetteront un sort aux tragédies. »
Jean Claude Métraux. Migrations comme métaphore
Rédigé à 17h36 | Lien permanent